Une condamnation pour menace de mort. Ce mercredi, comme le rapporte l'AFP et "Le Parisien", un homme de 20 ans a été condamné à 70 heures de travaux d'intérêt général, pouvant donner lieu à 4 mois d'emprisonnement s'ils ne sont pas accomplis. Le condamné a aussi l'obligation de verser à Zineb El Rhazoui 2.000 euros de dommages et intérêts et 1.000 euros au titre des frais de justice. Lors de l'audience devant le tribunal correctionnel de Paris le 3 juillet, le parquet avait requis huit mois d'emprisonnement avec sursis.
En décembre 2018, Sami B., étudiant en deuxième année de comptabilité-gestion, avait menacé de mort sur Twitter Zineb El Rhazoui, ancienne journaliste de "Charlie Hebdo", en répondant à des propos qu'elle a tenus sur l'Islam. "PTN (putain) j'ai envie de lui mettre 46 boulets dans son crâne", avait-il écrit, avant de supprimer son tweet.
"C'étaient des menaces que je n'allais pas mettre à exécution", s'était défendu le prévenu lors de son procès, indiquant ne pas savoir que Zineb El Rhazoui était une rescapée de l'attaque contre "Charlie Hebdo" au moment de son tweet. "Je peux comprendre qu'avec sa situation et son histoire elle se sente menacée dans sa personne", avait-il ajouté.
"Il faut que l'islam se soumette à la critique, (...) qu'il se soumette aux lois de la République", avait lancé Zineb El Rhazoui sur CNews en décembre 2018, après l'attentat de Strasbourg. "On ne peut pas venir à bout de cette idéologie en disant aux gens l'Islam est une religion de paix et d'amour et c'est juste le terrorisme qui est mal", avait-elle ajouté. L'ex-journaliste de l'hebdomadaire avait alors été la cible de nombreuses menaces de morts, notamment sur Twitter. Six personnes ont été identifiées grâce à la collaboration de Twitter et une jeune femme de 18 ans sera jugée en janvier pour menaces de mort.
Ce jugement intervient alors que l'Assemblée nationale vient d'adopter une proposition de loi visant à lutter contre les contenus haineux sur internet. Mesure phare inspirée par l'Allemagne : les plateformes et les moteurs de recherche auront l'obligation de retirer les contenus "manifestement" illicites en 24 heures, sous peine d'être condamnés à des amendes allant jusqu'à 1,25 million d'euros. Dans le viseur : les incitations à la haine, à la violence, les injures à caractère raciste ou encore religieuses. Contestée y compris par certains députés de la majorité, cette proposition de loi est notamment jugée liberticide par ses opposants.