Une interview qui avait fait sensation. Le 20 novembre 1995, la princesse Diana avait accepté d'être interrogée à la télévision britannique par le journaliste Martin Bashir dans le cadre du magazine "Panorama" diffusé sur la BBC. Un entretien vérité au cours duquel celle qui n'était pas encore divorcée du Prince Charles avait déclaré à propos de sa maîtresse Camilla Parker Bowles : "Nous étions trois dans ce mariage". A l'époque, cet entretien confession avait captivé 23 millions de téléspectateurs et été salué par les confrères de Martin Bashir comme un coup de maître en matière journalistique.
Seule ombre au tableau de chasse du journaliste de la BBC, le frère de la princesse, Charles Spencer, qui avait dénoncé à l'époque les conditions d'obtention de cette interview. Il reprochait notamment à Martin Bashir d'avoir décroché l'entretien en lui montrant de faux relevés bancaires prouvant que deux des employés de Diana étaient rémunérés par les services secrets pour l'espionner. Des accusations qui avaient donné lieu à une enquête interne en 1996 à l'issue de laquelle le groupe audiovisuel britannique avait conclu que ces documents n'avaient pas joué un rôle déterminant dans cette interview.
A l'approche du 25e anniversaire de cette interview hors normes, Charles Spencer a réitéré ses accusations ces derniers jours, après avoir appris par un journaliste que la BBC était au courant des faux relevés bancaires, créés de toutes pièces en interne par un graphiste remercié depuis. Le patron du groupe, Tim Davie, qui n'était pas aux responsabilités au moment des faits, a présenté ses excuses sur ce point, mais refusé une nouvelle enquête interne.
Le frère de la défunte princesse a donc fait paraître dans le "Daily Mail" début novembre une lettre au vitriol accusant la BBC de "pure malhonnêteté" et de sous-estimer la gravité de cette affaire au cours de laquelle le journaliste Martin Bashir aurait multiplié les mensonges pour manipuler la princesse et son entourage. Le groupe audiovisuel britannique a depuis promis qu'une nouvelle enquête indépendante va être menée sur le sujet et a enjoint le plaignant à lui fournir tous les documents nécessaires.
Après ce lavage de linge sale en public, la chaîne ITV a enfoncé le clou ce lundi avec la diffusion de la première partie d'un documentaire intitulé "The Diana Interview : Revenge of a Princess" ("L'interview de Diana : La rechanche d'une princesse"). Un documentaire dans lequel a témoigné le fameux graphiste mis en cause, Matt Wiessler. L'homme a assuré qu'il n'était pas au courant de la vraie raison pour laquelle on lui avait demandé de réaliser ces faux documents à l'époque. Estimant être un bouc émissaire dans cette affaire, il a également affirmé avoir été été victime d'un cambriolage ; cambriolage à l'issue duquel des disquettes contenant les documents ont été subtilisées.
Le principal protagoniste de cette affaire, Martin Bashir, n'est pas en état de se défendre à l'heure actuelle, ayant subi une lourde opération du coeur et ayant des séquelles du COVID-19. Lors de la première enquête menée par la BBC en 1996, il avait cependant assuré que les faux relevés bancaires avaient été montrés au frère de Diana seulement après avoir obtenu l'accord de celui-ci pour s'entretenir avec la princesse de Galles.