De profil, dans un TGV, un stylo à la main et ses lunettes posées sur des feuilles. Voilà la photo de François Hollande, publiée aujourd'hui dans Libération. La lumière, belle et écrasante, accentue son double menton, ses traits tirés, ses poches sous les yeux. En la voyant, on pense immédiatement à la fatigue. Celle d'un homme qui sillonne depuis plusieurs mois la France entière. Ce cliché de Sébastien Calvet, qui ne met clairement pas le candidat à son avantage, en a agacé plus d'un. "Il y a quelque chose de maladif, elle n'a pas beaucoup plu au parti socialiste" a révélé Nicolas Domenach ce midi sur Canal +.
D'autres ont réagi sur les réseaux sociaux. "Scandale à gauche, une photo dans Libé montre leur candidat tel qu'il est naturellement, ça détruit tout un plan com'" écrit un militant UMP. "La campagne donne leu à des échanges de lipides" note de son côté Didier Porte, en référence aux quelques kilos repris depuis plusieurs semaines par le candidat socialiste. Mais ce cliché n'a pas été volé, il a été autorisé comme le révèle le photographe de Libération sur son blog. Lui et d'autres journalistes ont eu l'accord pour shooter "l'homme au travail" pendant quelques secondes. Même si François Hollande ne les voit pas.
"Je vois bien que l'on voudrait faire croire que le politique ne fait rien. Ou bien, qu'il est omniscient et n'a pas besoin de relire ses notes, de retravailler un texte écrit Sébastien Calvet. Cette image n'est que cela. Un homme qui travaille, qui est dans son monde. A ce moment-là, il ne nous voit pas, il ne nous entend pas. Le décor n'a aucune importance, les militants sont absents. La mise en scène inexistante. Est-ce cela qui gêne ? Notre oeil est-il d'ores et déjà formaté aux images trop bien faites de la politique ?". Car c'est bien de cela dont il s'agit. Les images, de plus en plus lissées par les équipes de campagne des candidats, frôlent régulièrement la perfection. Aux meetings par exemple, les partis contrôlent toutes les images et leur mise en scène, offerte clés en main aux médias.
L'auteur du cliché contesté revendique cette image brute du candidat offerte aux lecteurs de Libé : "Le politique ne serait pas à son avantage. Mais mon travail n'est pas de le mettre à son avantage. Mon travail est de décrire une réalité. Raconter par mes images une campagne qui se déroule" explique-t-il. D'autres, comme Audrey Pulvar, se sont demandé si "Libé n'avait pas un compte à régler avec François Hollande".