Après la publication en mars dernier dans Le Monde des procès-verbaux de sa garde à vue dans le cadre de l'affaire du Carlton de Lille, Dominique Strauss-Kahn avait annoncé son intention de déposer plainte pour "violation manifeste de ses droits". Dans un entretien accordé au magazine Capital, Xavier Niel, patron de Free et co-actionnaire du journal, confie avoir été "choqué" par la publication de ces PV.
"Je découvre le journal comme n'importe quel lecteur explique-t-il à notre confrère. Le seul sujet sur lequel je suis particulièrement vigilant en tant que lecteur, c'est la vie privée. J'ai par exemple été choqué de voir retransmises les auditions de DSK qui, pour moi, n'avaient pas leur place dans un journal de qualité. La publication de ces PV a d'ailleurs provoqué la démission de Guy Carcassonne du comité d'éthique du Monde, et je le regrette" explique-t-il. Xavier Niel assure néanmoins ne jamais intervenir dans la ligne éditoriale, car il est "très attaché à l'indépendance de la rédaction"
Ce n'est pas la première fois que l'un des co-actionnaires affiche son désaccord avec les choix éditoriaux du journal. En mai dernier, Pierre Bergé avait adressé un courriel au patron du journal dans lequel il s'insurgeait du contenu d'un dossier sur François Mitterrand publié à l'occasion des 30 ans de l'anniversaire de son élection. Dans ce courrier il faisait part de son "profond désaccord" et qualifié le traitement de "immonde, à charge, digne d'un brûlot d'extrême droite". Face au tollé suscité par ses propos, Pierre Bergé expliquait quelques jours plus tard que son coup de sang ne remettait pas en cause son engagement financier dans le journal.