
Cinq ans après Le héros de la famille, une réalisation tournée vers la figure paternelle, Thierry Klifa revient avec Les yeux de sa mère, mélodrame assumé à l’histoire dense en destins croisés qui n’est pas sans rappeler l’univers Almodovarien.
Léna Weber, icône du JT ayant délaissé sa fille dès l’enfance au profit de sa carrière, est contrainte de faire face à son histoire lorsqu’elle apprend que celle-ci, devenue danseuse étoile, a eu un fils, Bruno, abandonné à la naissance. Fils qu’elle compte aujourd’hui retrouver. L’élément qui réunit ces histoires familiales éparpillées explorant la complexité des relations mère-enfant dans toutes ses possibilités, c’est Mathieu, écrivain en manque d’inspiration qui infiltre la famille afin d’écrire une biographie non-autorisée.
Très Chazalienne dans ce film, Catherine Deneuve, qui incarne une star du JT vieillissante se méfiant de la HD, a cependant avoué lors d’une interview accordée à Claire Chazal qu’elle s’est inspirée de son ex-confrère pour interpréter son rôle : [personnalite_ozap%]Patrick Poivre d’Arvor[/personnalite_ozap%]. Blonde, élégante, distinguée et aimée du public, Léna Weber, personnage de Deneuve, est toutefois en de nombreux points similaire à Chazal. Les journalistes et autres acteurs des médias sauront se retrouver dans ce portrait où certains clins-d’oeil traduisent à quel point Thierry Klifa a su assimiler l’univers d’une rédaction.
« Tiens, ça me rappelle quelqu’un ! » C’est sans aucun doute la réflexion que l’on se fait en regardant Les yeux de sa mère. Alors que Catherine Deneuve est parfaite en Claire Chazal, Géraldine Pailhas, actrice fétiche de Klifa, est émouvante en Pietragalla troublée. Le jeune Jean-Baptiste Lafarge nous fait quant à lui penser à Benjamin Biolay, notamment lors de sa très belle interprétation d’une musique de Serge Reggiani. En ce qui concerne Nicolas Duvauchelle, Marisa Paredes et Marina Fois, la justesse de leur interprétation tend à montrer qu’ils n’ont plus rien à prouver.
Un film dans lequel le réalisateur offre donc deux degrés de lecture aux spectateurs. Un mélodrame touchant dont l’intensité de l’histoire pourrait en décontenancer certains mais qui, bien ficelé et servi par de très bon acteurs, vous fera sortir de la salle comblé.