Moment surréaliste, vendredi soir, dans "Le Grand Journal" de Canal +. Invité en tant que candidat à l'élection présidentielle, Nicolas Dupont-Aignan s'en est violemment pris aux journalistes présents en plateau. "Je sais pourquoi les Français ne lisent plus les journaux, ils vont sur internet. Parce que tous ces éditorialistes de bazar, qui vivent ensemble, qui font tout le temps les mêmes articles, qui sont totalement coupés des réalités, qui gagnent un argent fou, et qui croient connaître les Français, on va s'en débarrasser un jour !" a-t-il lancé. Visés directement, Jean-Michel Aphatie et Michel Denisot. Il exhorte Ariane Massenet d'aller voir avec lui "sur le terrain les Français qui vivent, qui souffrent."
"On ne vit pas sur la Lune (...) Vous ne savez pas où je vis" lui rétorque Denisot. Puis Dupont-Aignan lâche : "Donnez nous votre salaire, combien vous gagnez ? combien vous gagnez ? Dites-le aux Français ! Vous n'oserez pas le dire." Denisot "refuse de polémiquer", lui répond que "ça ne (le) regarde pas" et que son salaire "est payé avec (ses) impôts." Le leader de Debout la République ne lâche pas : "Vous ne pouvez pas dire droit dans les yeux aux Français combien vous gagnez, car c'est une somme tellement extravagante... Et à force de jouer les bons samaritains." Denisot refuse toujours ("Je n'ai pas de leçon à recevoir de vous"), Dupont-Aignan lui reproche de s'en "mettre plein les poches."
Aphatie entre alors en scène, très en colère : "Traitez nous de voleurs tant que vous y êtes ! Plein les poches, qu'est ce que ça veut dire ? Qu'est ce que ça veut dire ? Mon salaire, je le mérite, comme vous ! Je ne vous le donnerai pas, vous n'êtes pas un inquisiteur !." Le chroniqueur l'accuse de "populisme intégral", Dupont-Aignan l'exhorte à "sortir de (son) petit milieu."
Nicolas Dupont-Aignan n'a jamais porté l'équipe du Grand Journal dans son coeur, accusant déjà en février Michel Denisot d'être "lâche et mesquin, faisant ses coups en douce." Sa dernière invitation hors campagne officielle sur Canal + remonte au 18 janvier dernier. Ce soir-là, pas de clash, il est interrogé comme la plupart des politiques invités en première partie de l'émission. Seul le magnéto "Point com" de Bruno Donnet était comme souvent poil à gratter. Jean-Michel Aphatie, chroniqueur maison, ne trouve pas non plus grâce à ses yeux. "Quel mépris à mon égard" lâche-t-il. Sur Canal +, le journaliste de RTL avait interpellé le candidat sur le retour au franc qu'il prône. Mais déjà en mai 2010, Nicolas Daupont-Aignan s'était agacé qu'Aphatie ne l'invite plus sur RTL "depuis 3 ans".
Comme Jean-Luc-Mélenchon, Nicolas Dupont-Aignan a fait de la critique des médias sa marque de fabrique. "Ce qui est dramatique, c'est le degré zéro des émissions politiques. Il y a un fossé entre les journalistes des quatre colonnes qui ne sortent pas de l'Assemblée, et la réalité de la vie" expliquait-il. Il y a un plus d'un an, le 26 janvier 2011, il s'en était pris à un autre journaliste, Jean-Pierre Elkabbach.
"Vous n'y allez pas vous Marc-Olivier Fogiel à la présidentielle en 2012 ? Parce que quand on voit la liste des n'importe qui veulent se présenter..." avait ironisé le journaliste sur Europe 1 à propos de la multiplication des candidatures. Nicolas Dupont-Aignan répondait à la petite phrase d'Elkabbach quelques minutes plus tard sur son Twitter : "Elkabbach me traite de "n'importe qui". Venant de la serpillière des puissants, c'est presque trop d'honneur !".