Delphine Ernotte a un plan. Après avoir annoncé devoir "trouver 45 millions d'euros" pour boucler le budget 2023 de France Télévisions, la présidente du groupe audiovisuel du service public a dévoilé hier sa stratégie pour y arriver. Invitée du festival Médias en seine, dont puremedias.com était partenaire, Delphine Ernotte a rappelé que malgré la hausse du budget alloué au service audiovisuel public - 2,431 milliards d'euros, soit 23,7 millions plus de plus que le budget 2022 -, les comptes n'étaient pas bons à cause de l'inflation.
"On sent qu'il y a une volonté du gouvernement de préserver les budgets de l'audiovisuel public en général. Maintenant, on a quelque chose qui nous arrive et qui arrive à toutes les entreprises, c'est l'inflation dont on ne mesure pas encore tous les effets", a déclaré Delphine Ernotte. Et de poursuivre : "On commence à les voir sur cette fin d'année. On sait déjà qu'avec le budget qui nous a été alloué, et qui, je le redis, est en hausse, on ne pourra pas faire face à l'inflation telle quelle se présente au mois de novembre. On a discuté budget avec les services de l'État au mois de mai. A l'époque, nous n'étions pas à des taux d'inflation aussi importants qu'aujourd'hui. On ne sait pas où ça va se terminer. Cette incertitude-la pèse sur nous. On ne sait pas absorber cette variable sur l'année 2023".
Pour faire "45 millions d'économies", la patronne de France Télévisions a annoncé des coupes "d'un tiers sur les programmes" en rappelant avoir "déjà beaucoup baissé nos coûts de grilles" ces dernières années. "Un autre tiers se fera sur les dépenses superfétatoires et un dernier tiers va être pris en charge par notre régie. Elle représente 15% de nos revenus. C'est une régie extrêmement performante qui tous les ans alors même que l'audiovisuel public représente une petite part du marché publicitaire (11% du marché du marché publicitaire télé) superforme sur le secteur. On ne sait pas, bien sûr, comment va être l'activité économique de 2023, mais on est bien obligé de faire des prévisions pour faire un budget, donc on essaye d'être assez optimiste en dépit de la conjoncture économique".
La prévisibilité du financement du service public a été l'un des thèmes longuement abordé par Delphine Ernotte lors du festival. "Aucune entreprise ne peut fonctionner en se disant 'dans un an, c'est le trou noir'. Toutes les entreprises fonctionnent en prévoyant leur chiffre d'affaires. Nous, ce n'est pas le cas, notre chiffre d'affaires est décidé par le parlement mais on a besoin de se projeter pour investir. France Télévisions a acquis il y a deux ans les JO en 2024. Il fallait donc penser en 2020 qu'on existerait encore quatre ans plus tard. Chaque jour, nous prenons des décisions pour l'avenir", a-t-elle expliqué avant d'admettre que "pour l'instant, ce qui a été décidé n'est pas vraiment satisfaisant (...) La ministre de la Culture s'est engagée pour qu'on est une discussion rapidement pour que le service public puisse se projeter à 4 ou 5 ans". Une mission parlementaire va également réfléchir à l'avenir de ce financement et se poser la question suivante : "Est-ce que cette part de TVA est pérenne ou pas ?", a conclu la patronne de l'audiovisuel public.