C'est LE succès de la saison. Lancé dans la quasi-indifférence générale à la fin de l'été dernier, "Affaire conclue" est devenu, en à peine quelques semaines, un vrai petit phénomène, que personne n'attendait vraiment. Sauf peut-être Jean-Louis Blot, président de Warner Bros. International Television Production France, qui a déniché le format en Allemagne. "Il y a quelques années, j'avais produit l'émission 'Vos objets ont une histoire' avec Charlotte de Turckheim pour France 2. Ça n'avait pas marché mais je savais qu'on tenait un truc. Il n'y avait que des expertises... En fait, il manquait juste la partie vente pour que la mayonnaise prenne", explique celui qui s'est dit "Eurêka !" en tombant sur le format "Bares für Rares" diffusé outre-Rhin sur la ZDF.
Attendue par la presse comme animatrice "par défaut" du programme suite au refus de Stéphane Bern, Sophie Davant fait aujourd'hui figure d'évidence à la tête de ce format qui mêle proximité, culture générale et bonne humeur. Pourtant, l'animatrice n'y croyait pas spécialement lorsqu'elle a accepté la proposition de Jean-Louis Blot l'année dernière. "Je n'avais pas imaginé ce petit phénomène même si je savais ce qu'il s'était passé en Allemagne", confie-t-elle en référence au succès rencontré par le programme en terres allemandes, où il est même en passe de devenir culte alors qu'il n'a été lancé qu'en 2013.
Pourtant, la version française diffère par bien des aspects de "Bares für Rares". "Nous nous sommes libérés de la version allemande. Le producteur m'a dit d'être moi-même", raconte Sophie Davant qui explique avoir voulu "aller au-delà de l'empathie avec les gens" en apportant "une touche d'humour". "Ça pourrait vite devenir chiant donc il faut mettre un peu de folie dans tout ça", sourit-elle. "Sophie, c'est la Marcel Proust de l'animation. Elle est proche des gens et classe en même temps, c'est une animatrice surdouée", explique Jean-Louis Blot, admiratif.
Celle qui aime rappeler qu'elle est présente au quotidien sur France 2 depuis trente ans parvient à tisser chaque jour du lien avec les participants de l'émission, "des vrais gens qui n'ont jamais fait de télé et qui ne viennent pas pour faire de la télé", et les téléspectateurs qui s'identifient plus facilement. "Toutes les classes sociales de la société sont représentées dans 'Affaire conclue'", renchérit Jean-Louis Blot selon lequel ce sont aussi les participants eux-mêmes qui permettent à l'émission de se démarquer plus franchement du format original. "De caractère, les Français ont tendance à pinailler sur le prix, ils en veulent toujours plus et sont aussi plus bavards", souligne-t-il.
Après la mécanique efficace, la sincérité des participants et la personnalité rassurante de Sophie Davant, la présence de personnages atypiques, forts en gueule mais attachants comme l'acheteur Pierre-Jean Chalençon, collectionneur d'objets en lien avec Napoléon Bonaparte et sosie non officiel de Michel Polnareff, est l'une des autres explications de l'engouement autour du programme. "Le suspense lié au prix joue aussi. Les gens restent parce qu'ils se projettent et veulent savoir si l'objet va se vendre au prix estimé", rajoute Sophie Davant, qui souligne aussi l'authenticité de l'émission. "Tout est vrai ! Même l'argent !", assure-t-elle.
En misant sur l'intérêt des Français pour les brocantes et autres vide-greniers, en témoigne le succès jamais démenti de la braderie de Lille, France 2 a réussi à flairer et à croire à un format parfaitement dans l'air du temps et en phase avec son public diurne. Alors que, l'été dernier, les Cassandres misaient sur un énième échec des après-midi de la Deux, même les concurrents privés reconnaissent aujourd'hui que la chaîne a tenté un pari doublement malin en installant "Affaire conclue" puis en le décuplant. Tous se posent d'ailleurs désormais la même question : "Où s'arrêtera 'Affaire conclue' ?".
Invitée de #QHM le 9 mai dernier, Sophie Davant était revenue sur les raisons du succès de "Affaire conclue" selon elle :