Ambiance électrique au Palais de Chaillot hier soir. De 20h40 à 23h20, Emmanuel Macron s'est livré à un exercice inédit sous la Ve République de débat avec Jean-Jacques Bourdin, animateur de la matinale de RMC, et Edwy Plenel, emblématique patron de "Mediapart". Tout au long de la soirée, les trois hommes ont échangé de manière décomplexée et parfois abrupte. Une interview télévisée qui fait logiquement couler beaucoup d'encre ce matin et qui concentre de nombreuses critiques.
Plusieurs thèmes ont été mis sur la table au cours de la soirée. Dès 21h15, le sujet de l'évasion et de la fraude fiscale a été abordé par Jean-Jacques Bourdin puis Edwy Plenel. Citant une enquête de "Mediapart" selon laquelle le groupe de luxe Kering, propriété de la famille Pinault, aurait soustrait d'importantes sommes d'argent, notamment au fisc français, Edwy Plenel a demandé à Emmanuel Macron s'il comptait "demander à (son) ministre des Comptes publics de saisir la justice pour récupérer cet argent". "Le président de la République ne donne pas d'instruction aux équipes du contrôle fiscal" a immédiatement répondu le chef de l'État.
"Quand la justice voit un article de presse comme celui que 'Mediapart' a révélé, elle lance immédiatement un contrôle fiscal" a ensuite observé Emmanuel Macron. Sourire aux lèvres, Edwy Plenel en a profité pour glisser "Heureusement que la presse est là". "Vous l'avez peut-être expérimenté, je crois d'ailleurs que par le passé vous avez pu en souffrir parce que vous même aviez décidé de vous affranchir des règles fiscales motu proprio et l'administration fiscale vous a contrôlé" a alors lancé le chef de l'État, en référence au redressement fiscal dont "Mediapart" a fait l'objet il y a trois ans après s'être appliqué une réduction de la TVA.
"C'est totalement mesquin. Nous ne sommes pas des fraudeurs" a alors répliqué Edwy Plenel. "Vous l'avez été, vous avez payé et c'est très bien ainsi" a poursuivi le chef de l'État. "Ce n'est pas digne de vous" a renchéri le fondateur de "Mediapart". "Ne me faites pas de procès de dignité, Edwy Plenel. Ce n'est pas un politique qui l'a décidé, c'est l'administration fiscale. Et elle n'a pas besoin de 'Mediapart' ou de journalistes pour lancer des enquêtes" a ensuite lâché le chef de l'État, reconnaissant toutefois qu'il y a "des scandales soulevés par les journalistes qui sont utiles". puremedias.com vous propose de découvrir cette séquence.