Coup de gueule hier dans "C à vous". Anne-Elisabeth Lemoine, Patrick Cohen et leurs camarades recevaient hier Richard Malka, avocat de "Charlie Hebdo", et Zineb El Rhazoui, ex-journaliste du journal satirique. Ces derniers étaient invités à commenter "l'affaire Mila", du nom de cette jeune lycéenne ciblée par de nombreuses menaces de morts après avoir insulté l'islam sur les réseaux sociaux. Pour rappel, dans une vidéo publiée le 18 janvier sur Instagram, la jeune femme avait notamment déclaré : "L'Islam est une religion de haine. Le Coran c'est de la merde (...) Votre religion c'est de la merde, votre Dieu je lui mets un doigt dans le trou du cul, merci au revoir". Mila avait expliqué avoir tenu ces propos après avoir été insultée et harcelée par des internautes, venus l'inquiéter après qu'elle a refusé les avances de l'un d'eux. Depuis la publication de sa vidéo, la jeune femme est victime d'un tel cyberharcèlement qu'elle a dû être déscolarisée.
Interrogé sur cette affaire dans "C à vous", Richard Malka a exprimé sa colère. Invoquant le "droit au blasphème", l'avocat a ainsi déclaré : "Ce que je vois aujourd'hui, c'est qu'une adolescente de 16 ans ne fait qu'exercer un droit acquis lors de la Révolution française, un droit qui fonde notre société, qui fonde le fait qu'on puisse tous vivre ensemble, parce que si on ne peut plus critiquer une religion, on est dans une théocratie, on n'est plus dans une république, et encore moins dans une république laïque".
L'avocat de "Charlie Hebdo" a ensuite dénoncé le silence des responsables politiques et associatifs dans cette affaire. "Je vois que cette jeune fille ne peut plus aller au lycée. On ne lui trouve plus de lycée, elle reçoit des milliers de menaces de mort, elle est insultée : il n'y a pas une association des droits de l'Homme qui a réagi depuis 10 jours, pas une association féministe, pas une association LGBT (Mila a été victime d'insultes homophobes sur les réseaux sociaux, ndlr). La gauche est à peu près totalement silencieuse, l'Observatoire de la laïcité, qui n'a de laïcité que le nom, évidemment est aux abonnés absents comme toujours. Mais c'est un déshonneur ! C'est un discrédit ! Comment peut-on accepter ça ?! C'est insupportable !", a-t-il estimé.
Richard Malka a enfin dénoncé les propos sur cette affaire de Nicole Belloubet. Interrogée hier matin sur Europe 1, la ministre de la Justice avait déclaré "inacceptables" les "menaces de mort" dans une démocratie, mais avait aussi affirmé que l'insulte contre une religion constituait "évidemment une atteinte à la liberté de conscience". Devant le tollé provoqué par ses propos, considérés par certains comme une restauration du délit de blasphème, Nicole Belloubet avait rétropédalé quelques heures plus tard devant l'Assemblée nationale, évoquant une "expression maladroite". puremedias.com vous propose de découvrir la séquence diffusée dans "C à vous".
Aujourd'hui, le parquet de Vienne (Isère) a annoncé sa décision de classer sans suite la procédure pour "provocation à la haine à l'égard d'un groupe de personnes" ouverte contre Mila. Le parquet a estimé dans un communiqué que l'adolescente iséroise avait seulement exprimé "une opinion personnelle à l'égard d'une religion".