Une scène peu commune. Comme le rapporte LCI aujourd'hui, Emmanuel Macron a vivement interpellé mardi soir Georges Malbrunot, grand reporter au "Figaro" et spécialiste du Moyen-Orient. La scène a été captée par une caméra de la chaîne info en marge d'une réception donnée à Beyrouth, au Liban, pays qu'Emmanuel Macron visitait pour la deuxième fois en quelques semaines.
On peut y voir le président de la République accabler de reproches le journaliste : "Ce que vous avez fait là, compte tenu de la sensibilité du sujet, compte tenu de ce que vous savez de l'histoire de ce pays, est irresponsable !", a lancé le chef de l'Etat. Avant de poursuivre : "Irresponsable pour la France, irresponsable pour les intéressés ici, et grave d'un point de vue déontologique !". Et de conclure, avant de brutalement tourner les talons : "Vous m'avez toujours entendu défendre les journalistes. Je le ferai toujours. Mais je vous parle avec franchise. Ce que vous avez fait est grave, non professionnel et mesquin !"
Quelle est la cause de cette fureur présidentielle ? Comme le rapporte LCI, il s'agirait d'un article signé Georges Malbrunot et publié par "Le Figaro" le 30 août dernier. Intitulé "Liban: le pas de deux d'Emmanuel Macron avec le Hezbollah", cet article revenait sur l'action du président français au Liban, pays en proie depuis plusieurs mois à une grave crise politique et économique, affaibli encore davantage par la crise du coronavirus et la grave explosion survenue à Beyrouth le 04 août dernier.
Dans son papier, Georges Malbrunot racontait ainsi la première visite du chef de l'Etat au Liban, le 6 août dernier, déplacement au cours duquel Emmanuel Macron avait rencontré de nombreux responsables politiques libanais, et notamment, selon "Le Figaro", Mohammed Raad, le chef du bloc parlementaire du Hezbollah. "Un aparté de huit minutes. Première fois depuis la naissance du Hezbollah, en 1982, qu'un président français échangeait en direct avec un de ses membres. 'Cela équivaut à une reconnaissance internationale', se félicitait quelques jours après un proche de la mouvance", écrivait Georges Malbrunot dans son article. Classé organisation terroriste par les États-Unis, la Grande-Bretagne et l'Allemagne, le Hezbollah est notamment derrière une série d'attentats survenus en France dans les années 1980. Il est aussi une force politique au Liban, pays multiconfessionnel où il dispose de 13 députés au Parlement.
Dans son article, Georges Malbrunot décrivait ensuite la teneur de l'échange qu'aurait eu Emmanuel Macron et ce responsable du Hezbollah, en citant, sans la nommer, une source française à Beyrouth : "Je veux travailler avec vous pour changer le Liban. Mais prouvez-moi que vous êtes Libanais", aurait lancé le chef de l'Etat à Mohammed Raad. "Tout le monde sait que vous avez un agenda iranien (...) Vous voulez aider les Libanais, oui ou non ? Donc rentrez à la maison, quittez la Syrie et le Yémen et faites le boulot ici pour construire un Etat parce que que ce nouvel Etat va aussi bénéficier à vos familles", aurait également déclaré le président de la République.