Le poids des mots. Ce mercredi 10 mars, la Société des journalistes (SDJ) de "Paris Match" s'est fendue d'un communiqué dans lequel elle pilonne le dernier éditorial de son directeur de la rédaction, Hervé Gattegno. Dans ce dernier, intitulé "Sarkozy, une étrange affaire", le patron des journalistes de l'hebdomadaire défendait Nicolas Sarkozy après sa récente condamnation par la justice pour corruption et trafic d'influence à trois ans de prison, dont un an ferme. L'ancien chef de l'Etat a fait appel.
Estimant cette "peine infamante", Hervé Gattegno absolvait dans son texte l'ex-chef de l'Etat, victime à l'en croire d'un "drôle de scénario". Selon le journaliste, les juges ont dans cette affaire "malmené les règles et brutalisé le bon sens", tout autant qu'ils ont affaibli la justice. "Il est inédit, c'est vrai, qu'un président soit condamné à la prison ; mais plus encore qu'un président soit condamné sans preuve", concluait la plaidoirie, alors que Nicolas Sarkozy et sa femme font cette semaine la Une de "Paris Match" à qui ils ont accordé une interview.
L'éditorial de Hervé Gattegno a provoqué la colère immédiate de la rédaction qui, dans un communiqué publié aujourd'hui, se dit "choquée" et annonce qu'elle se désolidarise de son patron. "Il est une chose de donner la parole à un ancien président de la République, par ailleurs membre du conseil de surveillance de Lagardère, propriétaire de 'Paris Match'. Il en est une autre de commenter une décision de justice en prenant parti, et d'engager ainsi toute une rédaction profondément attachée à la liberté de la presse", taclent les journalistes de l'hebdomadaire. Et d'enfoncer le clou : "'Paris Match' n'est pas un journal d'opinion, encore moins une officine partisane (...) Une telle prise de position porte atteinte à notre journal et à sa rédaction".