"Grégory", une série documentaire à charge ? C'est en tout cas ce que pense Nicole Lambert, la veuve de l'emblématique juge d'instruction qui a instruit l'affaire du meurtre du jeune Grégory Villemin entre 1984 et 1986. Un fait divers toujours au coeur de l'actualité 35 ans après les faits car, outre les rebondissements judiciaires récents, Netflix a mis en ligne le 20 novembre dernier une série-documentaire en cinq volets intitulée "Grégory" et qui a suscité de nombreux commentaires, tant pour saluer la qualité du travail accompli par les équipes de Gilles Marchand que pour s'indigner des propos tenus par certains protagonistes, comme ceux du commissaire Jacques Corazzi, qui a confié face caméra avoir trouvé Christine Villemin "excitante" lorsqu'il l'a rencontrée pour la première fois.
Nicole Lambert, elle, a été choquée par le portrait que Netflix a fait de son défunt mari, comme elle l'a confié ce week-end au "Parisien". "Ce documentaire, très scénarisé, donne une vision partiale de cette affaire et attise une haine dangereuse. C'est un grand déballage d'inepties mensongères, absurdes, blessantes et diffamantes", critique la veuve meurtrie. "Tous ces mots nous font l'effet d'une dose d'arsenic administrée de façon récurrente et rendent notre deuil impossible", résume celle qui affirme avoir déjà engagé par le passé deux procédures "pour diffamation et atteinte à la mémoire du défunt", toujours en cours.
De manière générale, elle reproche aux documentaires consacrés à l'affaire Grégory de reprendre les mêmes arguments "en boucle", sans jamais prendre le temps de les vérifier. Dans le cas du documentaire de Netflix, Nicole Lambert cite ainsi les propos du journaliste de "Paris Match" Jean Ker, qui affirme avoir prévenu le juge Lambert que Jean-Marie Villemin s'apprêtait à commettre l'irréparable contre son cousin Bernard Laroche, suspecté d'être le meurtrier de son fils. "Ce monsieur a la mémoire très courte... Il a été interrogé par mon mari après les faits, et il reconnaît sur PV qu'il n'en a, je cite, 'parlé strictement à personne'. (...) On parle d'une pièce officielle du dossier !", s'indigne Nicole Lambert.
Cette dernière reproche enfin aux médias d'avoir joué un rôle décisif dans le suicide de Jean-Michel Lambert, survenu en 2017 après que l'affaire a été relancée autour de la possible culpabilité de Murielle Bolle, la belle-soeur de Bernard Laroche. "Les médias l'ont quelque part poussé au suicide, notamment un, qui a divulgué un extrait des carnets intimes du juge Simon. (...) S'il avait su, comme on l'a vu par la suite, que ce magistrat critiquait en fait tout le monde, ça lui aurait sans doute sauvé la vie", juge avec le recul la veuve indignée en faisant référence au juge d'instruction qui a repris l'enquête de zéro en 1987.