Une quarantaine de menhirs, le chantier d'un magasin de bricolage et un permis de construire délivré (trop) rapidement. Il n'en fallait pas plus pour allumer la mèche du bâton de dynamite qui a explosé sur Carnac, dans le Morbihan, le 6 juin 2023 suite à la parution d'un article dans le quotidien "Ouest-France". Rapidement relayée par de nombreux médias, l'information a fait le tour du pays et des réseaux sociaux jusqu'à nécessiter la mise sous protection policière du maire de la ville, menacé.
Huit jours après avoir lancé la polémique et un mea culpa d'Alba Ventura sur RTL plus tard, "Ouest-France" défend son traitement de l'information dans un article intitulé "Menhirs détruits à Carnac : loin de l'emballement, voici comment Ouest-France a traité l'affaire". La valeur archéologique des menhirs concernés avait été remise en cause un jour plus tard par la Direction régionale des affaires culturelles (Drac). Elle évoquait dans un communiqué "le caractère non majeur des pierres découvertes" lors d'un diagnostic réalisé en 2015, bousculant la thèse évoquée dans le quotidien régional.
"Le torrent d'infos approximatives, charriant des photos d'alignements de Carnac tels qu'ils sont identifiés par le grand public – très loin de la réalité du site montré dans nos articles – a provoqué une hystérie nationale", concède le journal, dénonçant la colère exprimée par de nombreux internautes sur les réseaux sociaux "avec leur sens habituel de la nuance et de la retenue".
Pointant "certains médias, essentiellement parisien", le quotidien basé dans l'ouest de la France justifie son article par la gravité de l'affaire qui "ne touche plus seulement des pierres mais des êtres humains" dans un contexte où l'information dévoilée et étayée par le journal a été reprise par des médias "essentiellement parisiens" et ce, "sans aucun souci de vérification des faits et des documents".
Les auteurs de l'article étayent ensuite les éléments qui ont poussé à la publication du premier article consacré au chantier ayant conduit à l'extraction de menhirs à Carnac. Notamment sa position parmi une liste de 397 sites candidats à une labellisation à l'Unesco ou encore une datation au carbone 14 réalisée en 2009 estimant les menhirs à 5480-5320 avant Jésus Chris.
Le quotidien se défend aussi assurant avoir contacté l'ensemble des protagonistes du dossier, dont la Drac qui n'a "d'abord pas répondu à [leurs] sollicitations, et consulté un rapport de l'Inrap. Concernant le lanceur d'alerte, "Ouest-France" précise que s'il n'est pas archéologue professionnel, il est l'auteur de plusieurs publication historiques sur la ville de Carnac, et que "les archéologues contactés confirment l'intégralité de ses propos". Ces éléments entre les mains, "la rédaction a estimé disposer de toutes les informations vérifiées auprès de nombreux interlocuteurs, pour les publier", avant de conclure que la valeur archéologique du site ne pourra jamais être établie "puisque toute fouille est désormais impossible".