C'est une question qui n'est pas passée inaperçue. Ce mardi 16 janvier, Emmanuel Macron donnait une conférence de presse exceptionnelle à l'Élysée, face à une assemblée de pas moins de 400 journalistes. Parmi ceux-ci, Laurence Ferrari, venue représenter trois des médias du groupe de Vincent Bolloré auxquels elle appartient : CNews, Europe 1, mais aussi "Paris Match", où elle est rédactrice en chef du service politique. Profitant d'un moment qui lui était accordé pour poser une question, la journaliste a fait une longue intervention d'environ 4 minutes. La présentatrice de "Punchline" a d'abord énuméré des problèmes dont souffrirait l'Éducation nationale, avant de critiquer les mesures annoncées par le chef de l'État.
"(...) Vous voulez qu'ils chantent la Marseillaise ? Pratiquement un jeune sur deux ne sait pas situer la Révolution française, ne connaît pas la Shoah, ne sait pas ce qu'il s'est passé le jour de la Rafle du Vel d'Hiv, 48% des professeurs disent se censurer lorsqu'ils enseignent l'histoire en classe, un sur deux a peur en classe, peur de la violence des élèves, des parents et des terroristes, je pense ce soir à Samuel Paty et Dominique Bernard" a-t-elle notamment assuré, sans que personne ne puisse la contredire. "Vous voulez restaurer l'autorité ? La France doit rester la France bien sûr mais comment faire de ces jeunes des citoyens éclairés ? Donnez-moi cinq mesures concrètes pour restaurer cette autorité. Soutenir les parents c'est bien, les responsabiliser, c'est mieux. Il y a 17% des parents qui ont fait le choix du privé, c'est fort honorable après tout. Est-ce que la guerre école privée/école publique n'a pas été relancée par votre ministre de l'Éducation nationale ?" a-t-elle conclu.
Une longue intervention très remarquée sur les réseaux sociaux et pas vraiment au goût du principal intéressé, qui, en lieu et place d'une réponse, a botté en touche, en préférant lui lancer une petite pique : "J'ai le sentiment de donner une vision et des mesures concrètes. Je crois que vous venez vous-même de poser une question et de donner votre vision", a ainsi répondu Emmanuel Macron, provoquant les rires de l'assemblée. Au lendemain de cette séquence, Laurence Ferrari était invitée par Pascal Praud sur Europe 1 pour en parler. "Comment vous interprétez la réaction de la salle et celle du public ? C'est un Président qui ne supporte pas la contradiction. Il est très en colère par votre question, il répond sèchement, avec une forme de malhonnêteté en plus", l'a d'abord interrogé son collègue.
"La réaction de la salle, j'avoue que je m'en fiche. En revanche, celle du Président, vous avez raison (...) C'est notre rôle de journaliste. On n'est pas là pour être serviles. On n'est pas là pour écouter benoîtement, pendant deux heures et demie les 'yakafokons'" s'est-elle empressée de répondre, avant de poursuivre : "Je me sens dans mon rôle, ni plus ni moins, sans aucune agressivité en donnant des faits, des chiffres. Qu'il ne supporte pas la contradiction, c'est son problème, ce n'est pas le mien...Je ne sais pas si c'est lié à ma question ou si l'Élysée avait peur d'un certain nombre de questions sur d'autres sujets. Je constate que notre groupe a eu le droit à une question quand d'autres ont eu le droit à 4 ou 3 questions. Il y a une vraie forme de disproportion. En revanche, il faut que le Président supporte la contradiction, qu'il se frotte peut-être à d'autres cerveaux que le sien. Vous l'avez invité à de nombreuses reprises Pascal, pourquoi n'est-il pas venu ?" conclut la journaliste.