Sa conférence de presse aura duré 2h20. Planifiée il y a quelques jours, la prise de parole XXL d'Emmanuel Macron aura été diffusée en direct sur six chaînes en simultané ce mardi 16 janvier 2024 dès 20h15. Les téléspectateurs de TF1, France 2, BFMTV, CNews, LCI et franceinfo ont assisté à la prise de parole du chef de l'Etat durant 25 minutes puis aux longues questions-réponses des journalistes réunis pour l'occasion. En seconde partie de soirée, la première chaîne du service public proposait une édition spéciale de "L'événement" présentée par Caroline Roux. Présent parmi les éditorialistes pour décrypter la parole d'Emmanuel Macron, Patrick Cohen n'a pas manqué d'égratigner sa stratégie médiatique.
Sur le fond, il a d'abord pointé "une réponse à la demande d'ordre et d'autorité, ce qu'il avait déjà esquissé le 20 décembre à 'C à vous' dans le même lieu, à la salle des fêtes de l'Elysée", rappelant au passage l'émission présentée par Anne-Elisabeth Lemoine ayant enregistré son record d'audience historique avant les fêtes. "Sur la forme, des 25 premières minutes qui ont eu une densité assez rare dans les prises de parole d'Emmanuel Macron, il a dit beaucoup de choses en mêlant à la fois des symboles et des mesures concrètes", a poursuivi le journaliste politique.
Mais la forme n'a pas totalement convaincu le chroniqueur de "C à vous" sur France 5. "Je suis assez partagé parce qu'on était au sommet de la mise en scène monarchique, jupitérienne avec un chef suprême et omniscient qui aborde tous les sujets, qui connaît tous les détails. Trop, trop long, et en réponse aux questions, on va y revenir, ça fait 2h15", a-t-il encore pointé. Si Patrick Cohen reconnaît qu'un échange de questions-réponses entre le président de la République et les journalistes est "bon et sain", il a déploré la prise d'otage des chaînes de télévision par Emmanuel Macron. "L'essentiel était dit, c'est vrai, à 20h45, donc il y avait beaucoup de questions. Est-ce qu'il fallait kidnapper l'ensemble du paysage audiovisuel pour cette soirée présidentielle en mode ORTF ? J'ai quelques doutes moi sur la forme et sur la longueur de l'exercice" a-t-il lâché. Citant l'Office de radiodiffusion-télévision française, Patrick Cohen a rappelé qu'il existait une chaîne de télévision unique jusqu'en 1975.
Relancé par Caroline Roux, Patrick Cohen a déploré que le Président "rentre beaucoup dans les détails". "Il développe des argumentaires extrêmement longs alors qu'il a su sur un texte qui était écrit et préparé à l'avance, se montrer efficace sur les 25 premières minutes", a-t-il encore martelé. puremedias.com vous propose de revisionner la séquence.
Plus tôt dans la journée, le journaliste Patrice Duhamel interrogé sur franceinfo avait lui aussi senti "un petit parfum d'ORTF" depuis l'annonce de ce dispositif désiré par le président de la République. "On appelait ça la grand messe sous De Gaulle", a-t-il détaillé au micro de la radio du service public.
Même chose du côté de la rédaction de Médiapart qui dénonçait dans un article publié avant le passage à la télévision du chef de l'Etat une volonté "d'imposer sa parole aux médias" tout en restant "maître de l'agenda médiatique".