C'est une "Une" qui ne passe pas inaperçue. En couverture de "Paris Match" cette semaine, les Français peuvent découvrir une crèche de Noël. Dans le coin inférieur gauche, une petite fille blonde tient une bougie. En titre, "Un Noël d'espérances". Un choix éditorial très ancrée sur la religion catholique qui étonne pour cet hebdomadaire d'information people spécialisé dans l'image. Un choix critiqué jusqu'au sein même de sa rédaction. Ce vendredi 22 décembre 2023, la Société des Journalistes (SDJ) du magazine a publié un communiqué faisant part de leur "inquiétude" face à "'l'évolution de la ligne éditoriale du magazine et demande à la direction Lagardère News des clarifications" peut-on lire sur X (Twitter).
"La société des journalistes de Paris Match désapprouve vivement le choix de la couverture du numéro paru ce jeudi 21 décembre montrant une crèche et titrée 'Un Noël d'espérances'", peut-on lire dans le communiqué. "Couverture dont la photo n'est pas tirée d'un reportage dans le magazine et présente la crèche du foyer Jean Bosco à Paris, propriété du nouvel actionnaire principal du journal. Nous constatons que des sujets comme la reconstruction de Notre-Dame ou Miss France, par exemple, développés à l'intérieur du magazine, n'ont pas eu les honneurs de notre couverture. Nous nous interrogeons sur ces nouvelles signatures extérieures au journal, connues pour leurs prises de position en tant que catholiques traditionalistes."
Ce n'est pas la première fois que la rédaction s'indigne de la "Une" de leur magazine. Depuis l'acquisition de "Paris Match" par Vincent Bolloré, connu pour être un fervent catholique, la ligne éditoriale du magazine se voit en effet de plus en plus bouleversée. En juillet 2022, "Paris Match" avait choisi de mettre en couverture le cardinal Robert Sarah, un prélat guinéen auteur controversé, qui avait comparé "les idéologies occidentales de l'homosexualité et de l'avortement au fanatisme islamique" du groupe terroriste Daech. Des idées politiques qui n'avaient pas été citées dans l'éditorial signé par Philippe Labro, un proche du milliardaire breton.
Selon une enquête de la cellule investigation de Radio France publiée en avril dernier, avant même la validation de la Commission Européenne pour le rachat, la rédaction faisait déjà face à des choix pour le moins biaisés. L'arrivée de Vincent Bolloré aux commandes de Lagardère avait alors poussé le directeur de la rédaction Hervé Gattegno vers la sortie brutalement. C'est Patrick Mahé, rédacteur en chef du magazine 1981 à 1996, qui avait pris son siège. Militant d'extrême droite dans sa jeunesse, il connaît personnellement l'homme d'affaires.
"Leurs articles relèvent plus de l'exposé religieux que du reportage", écrit encore le communiqué de la SDJ. "Ce type de traitement est récurrent dans nos pages ces dernières semaines. Nous nous inquiétons de ce qui nous semble être une nouvelle ligne éditoriale. La société des journalistes de Paris Match demande donc à la direction générale de Lagardère News de clarifier, devant la rédaction, sa position sur cette évolution, en rupture avec l'identité de notre magazine."