"Pendant 23 ans, de notre rencontre en 1995 au départ de Johnny en 2017, nous nous sommes amusés à nous filmer l'un l'autre ou à nous faire filmer. Ces images, en grande partie inédites, tournées en DVCam, téléphone portable ou caméra, sont le coeur de ce documentaire où je raconte deux ou trois choses que je sais de Johnny, de ma vie avec lui", explique Laeticia Hallyday dans les premières secondes de "Johnny par Laeticia". Et elle n'a pas menti. Dans ce documentaire événement diffusé le jeudi 8 décembre sur M6 à l'occasion des cinq ans de la disparition de l'ex-idole des jeunes, la veuve de 47 ans revient sur les grands moments de la vie et de la carrière de Jean-Philippe Smet.
Le documentaire de 102 minutes débute par leur rencontre en 1995. Le rockeur a 52 ans. Elle 21. La différence d'âge, "le jugement", "le regard des gens qui auraient aimé que cette histoire ne dure pas", Laeticia Hallyday n'élude aucun sujet tabou et ne s'épargne pas. "Quand il m'a présenté Laeticia sur le moment, on a dit 'elle va pas faire long feu'", lance même Jean-Claude Camus, manager de Johnny Hallyday depuis 1975, face caméra. C'est l'autre aspect du documentaire, outre les images inédites, trois proches commentent la vie mouvementée de l'artiste : Laeticia Hallyday, Jean-Claude Camus et Daniel Rondeau, écrivain et ami de la star.
Sous l'oeil de William Karel, réalisateur du documentaire, les révélations s'enchainent. Les démons de Johnny Hallyday - la drogue, les tentatives de suicide, son enfance compliquée marquée par l'abandon de son père, sa peur de la mort, ses rapports compliqués avec la presse - tout y passe. Même les tromperies. "À une époque, j'étais devenue une infirmière pour sa mère et pour ma grand-mère. Puis, il y a eu l'arrivée de Jade, je me suis un peu oubliée en tant que femme et j'ai un peu délaissé mon mari. Lui ne supportait pas. C'était un homme très possessif. Je savais ce qu'il attendait de moi mais je ne pouvais pas lui donner à ce moment-là. Donc évidemment, ça a créé des différences et des aventures ailleurs", révèle Laeticia Hallyday.
"Johnny par Laeticia" revient longuement sur les dernières années de Johnny Hallyday : le cancer, les opérations et ses funérailles nationales. On y apprend notamment qu'un "hôpital" avait été installé dans les coulisses de sa dernière tournée, "Les vieilles canailles" avec Eddy Mitchell et Jacques Dutronc. "Les gens ne peuvent même pas imaginer tout ce qu'il se passait derrière. Il faut organiser presque un hôpital derrière la scène. Avec de l'oxygène, des médecins qui lui font des piqûres dans le ventre quand il fait une pause", confie Laeticia Hallyday. "Le premier concert il a dû sortir cinq ou six fois avec le médecin qui était au bord de la scène pour lui donner de l'oxygène. Là, je me suis dit qu'il n'irait pas au bout de la tournée", surenchérit Jean-Claude Camus.
L'oeuvre laisse tout de même la part belle à la vie intime de Johnny Hallyday et notamment son rôle de père avec Jade et Joy, Laeticia révélant au passage avoir perdu un enfant après cinq mois de grossesse. C'est peut-être ces images qui bouleverseront le plus les téléspectateurs de la Six. Celles d'un Johnny en toute intimé avec ses filles, d'une interview impromptue avec Jade pour un devoir scolaire aux moments de tendresse avec Joy. C'est d'ailleurs avec elles que s'achève "Johnny par Laeticia". Dans les ultimes secondes du documentaire, les deux jeunes filles, devenues adolescentes, lisent - en voix off - un texte à l'intention de leur papa. Les fans du rocker en sortiront bouleversés, les autres forcément touchés.
C'est ce qu'on retiendra de ce "Johnny par Laeticia". Que l'on soit fan ou pas de l'artiste, que l'on apprécie ou pas l'homme, le portrait dressé par Laeticia a ce petit quelque chose en plus de touchant. S'il frôle souvent avec l'impudeur, ce documentaire surprend par la franchise de ses intervenants. On regrettera tout de même le manque de contradiction (seuls trois proches de Johnny s'expriment face caméra) et l'absence de certains pans de la légende Johnny Hallyday (notamment la bataille judiciaire qui a suivi son décès). Restent ces images désarmantes du taulier qui ne laisseront personne indifférent. A voir.