Interviewer un ministre : mission impossible pour la presse écrite ? Le site de "Marianne" a relayé hier le choix fait par le quotidien économique "Les Echos" de ne pas publier une interview de la ministre des Transports, Elisabeth Borne, réalisée à la mi-mars. En cause, une réécriture trop importante par Matignon des propos tenus par la ministre, un "caviardage" en bonne et due forme comme le veut le terme consacré. La photo qui illustre l'article de "Marianne" est d'ailleurs accompagnée de cette légende mordante : "Les services de Matignon ont toute confiance dans la parole d'Elisabeth Borne. Ou presque".
Pour sa part, "Les Echos" a estimé selon "Marianne" que "la volonté de contrôle sur cette ministre 'technique' peut être vexatoire. Une interview, pourtant prudente, de cette dernière a été tellement réécrite par les services du Premier ministre" que le journal a refusé de la publier le 13 mars, comme prévu. La ministre a donc laissé échapper une occasion d'expliquer la réforme ferroviaire voulue par le gouvernement. Ironie de l'histoire, son interview a été remplacée par un entretien avec le député Manuel Valls, titré ainsi : "Il faut éviter la brutalité, je parle d'expérience".
L'hebdomadaire "Marianne" en profite pour évoquer sa politique interne en la matière, assumant de faire relire les interviews aux politiques, tout en refusant "d'intégrer leurs éventuelles corrections dès lors que celles-ci nous semblent injustifiées et/ou trop nombreuses", explique le directeur de la rédaction, Renaud Dély. Le quotidien régional "La Voix du Nord" a récemment fait un choix plus radical en annonçant la fin de la relecture des entretiens par les hommes et les femmes politiques. "La relecture est devenue un exercice de réécriture pour la plupart", déplorait ainsi le rédacteur en chef, Patrick Jankielewicz.