Elisabeth Borne n'aura pas marqué de points auprès de la population de Mayotte. Tout juste intronisée dans le gouvernement de François Bayrou, la nouvelle ministre de l'Éducation nationale faisait partie de la délégation en déplacement sur l'archipel de l'océan indien, ravagé par le passage dévastateur du cyclone Chido. Or, un extrait diffusé sur BFMTV la montre tourner les talons après un échange houleux avec deux professeurs qui l'interpellaient sur le manque d'aide de l'État. "Vous pouvez dire ce que vous voulez aux informations, la réalité elle est là", lui lance ainsi l'un des deux enseignants dans la séquence. Après avoir réfuté cet argument, assurant que des distributions de produits de première nécessité avaient eu lieu, Elisabeth Borne n'a pas souhaité poursuivre la confrontation et s'est dérobée avec un hochement de tête et un sourire pincé. "C’est une honte", finit par lâcher le plaignant, comme le montrent les images que Puremédias vous propose de visionner ci-dessus.
Face à l'ampleur de la polémique, l'ancienne cheffe du gouvernement a tenu à se défendre dans une publication partagée sur le réseau social X. Accusée de mépris, elle assure que "la séquence tronquée" en question "ne reflète pas (s)es échanges avec les deux enseignants". "Par ailleurs, attachée au dialogue, consciente et préoccupée par la gravité de la situation, j’ai longuement échangé hier avec les personnels de direction et les syndicats enseignants sur la situation à Mayotte et les défis de la rentrée", écrit Elisabeth Borne dans la suite de ce post.
Il faut dire que la séquence avait suscité des critiques de toutes parts, du corps enseignant mais aussi de la classe politique. De nombreux responsables ont dénoncé l'attitude de la nouvelle ministre de l'Éducation. "Image terrible. Une ministre ne peut pas tourner les talons en méprisant le témoignage d’enseignants qui alertent sur la situation sanitaire", avait tonné le Premier secrétaire du PS Olivier Faure. Ian Brossat, porte-parole du Parti communiste, a estimé que la ministre s'était comportée avec "l’empathie d’un poisson mort". Manuel Bompard, coordinateur national de la France insoumise, a profité de cet exemple pour tacler le gouvernement : "Lâcheté et mépris sont les principales caractéristiques du macronisme".
Elisabeth Borne et la délégation gouvernementale poursuivent leur déplacement ce mardi 31 décembre sur l'île de La Réunion, importante base logistique pour l'acheminement de l'aide vers Mayotte.