Soirée Stéphane Plaza sur M6. Ce mardi 10 octobre, la chaîne diffusera à partir de 21h10 un épisode inédit de "Recherche appartement ou maison" suivi à 22h25 du documentaire "Stéphane Plaza : voyage avec mon père", dans lequel l'animateur part en vacances en Martinique avec son père, ancien coureur cycliste. Un film programmé avant la sortie de l'affaire valorisant l'agent immobilier de la Six et diffusé dix-neuf jours après la publication par "Médiapart" d'accusations contre Stéphane Plaza. M6 a ouvert une enquête interne et continue de diffuser les programmes incarnés par l'agent immobilier en vertu des "contestations juridiques" qu'il a engagées. Un choix de programmation contre lequel plusieurs militantes féministes appellent à manifester.
Un appel à la mobilisation a été diffusé sur les réseaux sociaux. "Stéphane Plaza est accusé de violences conjugales et autres faits graves dans son cadre professionnel. La chaîne M6 a pourtant décidé de maintenir un documentaire à sa gloire le 10 octobre en prime time", peut-on lire dans le message partagé sur les réseaux sociaux le 8 octobre par Alice Coffin, élue écologiste de Paris et militante féministe.
Cet appel à manifester est soutenu par plusieurs représentantes des mouvements #Metoo en politique et dans les médias, signataires d'une tribune intitulée "Affaire Stéphane Plaza : face à l'omerta, il faut faire plier les employeurs, les médias, les partis politiques" publiée dans "Libération" cinq jours après les révélations de "Médiapart". "Soyons en nombre pour soutenir les femmes qui parlent et les journalistes qui enquêtent", appelle encore la publication, partagée plusieurs centaines de fois sur X, le nouveau nom de Twitter.
"Il faut faire pression et continuer d'entretenir un rapport de force avec M6", soutient Alice Coffin, interrogée par puremedias.com. Elle estime qu'au-delà de la volonté d'empêcher la diffusion des émissions mettant Stéphane Plaza au devant de la scène, il s'agit d'un "signal" à envoyer alors que la Six est entrée dans "une stratégie de défense et de réhabilitation insupportable" de son animateur. "Le fait de maintenir ce documentaire participer à un mécanisme qu'on connaît désormais très bien dans les cas de violences sexistes et sexuelles qui ont émergé avec #Metoo, à savoir aller faire pleurer dans les chaumières." Dans le communiqué de présentation du documentaire, la chaîne précise que le film permettra aux téléspectateurs "d'en apprendre plus sur l'un des animateurs préférés des Français à travers des confessions inédites sur son enfance, la perte de sa maman, ses proches".
Dans le maintien de ce programme sur la grille de M6, Alice Coffin voit une stratégie traditionnelle de la part d'un employeur dans le cas de témoignage dans les affaires de violences. "C'est un condensé de tout ce qu'on peut observer après la sortie d'enquêtes pour violences conjugales et professionnelles à caractère sexistes et sexuelles, pointe-t-elle encore. On a d'abord eu une réaction de M6 qui a décidé de dire 'circulez, il n'y a rien à voir' en soutenant Stéphane Plaza et en maintenant sa programmation. Ensuite l'entourage immédiat a fait front, on l'a vu avec les soutiens de Laurent Ruquier ou Cyril Hanouna qui on mis en doute la parole des femmes. C'est toujours pareil, on l'a vu avec Gérald Darmanin et Nicolas Hulot dans le gouvernement mais aussi avec PPDA". Elle estime toutefois que le cas de Stéphane Plaza est différent en raison des captures d'écrans de messages dans l'enquête de "Médiapart" où l'animateur reconnaît les faits auprès de sa victime. "Il y a des aveux alors que dans les cas récents de #Metoo, c'est parole contre parole, là il a reconnu". Pour autant, aucune plainte n'a pour l'heure été déposée dans le cadre de ce dossier.
Parmi les manifestants, l'ex-chroniqueuse de l'émission "Piquantes" sur la chaîne Téva, Florence Mendez, a déjà fait savoir qu'elle serait présente. En mai 2023, l'humoriste d'origine belge avait été virée de l'émission à laquelle elle participait depuis trois saison, après avoir traité le ministre de l'Intérieur Gérald Darmanin de "violeur" dans les locaux de la Six.
Contactée, M6 n'a pas souhaité faire de commentaire sur la manifestation prévue devant son siège. Après le communiqué paru le soir de la publication de l'enquête de "Mediapart", la chaîne ne s'est plus exprimée sur les accusations dont son animateur fait l'objet. Dans un long article publié sur le média d'investigation, trois ex-compagnes de Stéphane Plaza racontent, échanges de SMS à l'appui, les violences verbales, et physiques pour deux d'entre elles, qu'il leur auraient infligées.