Quand les images suivent les mots. Ce lundi 18 mars, dans l'émission "BFM Story", Olivier Truchot interrogeait son envoyé spécial Jérémy Normand, en duplex depuis Moscou, sur la difficulté pour les journalistes de travailler librement en Russie, pour couvrir la réélection de Vladimir Poutine. Le président russe controversé à été réélu ce dimanche avec 87 % des voix, un résultat dénoncé par la communauté internationale, qui évoque un scrutin truqué. "C'est un jeu de dupe, on est photographiés environ une centaine de fois par jour, parfois pendant nos duplex, vous ne le voyez pas derrière la caméra, il y a souvent des policiers qui s'approchent, on travaille dans des conditions particulières" a répondu le journaliste, avant de s'interrompre.
"Voilà exactement pendant que je suis en train de vous parler, il y a des policiers qui arrivent et qui vont s'approcher de moi. Vous allez vivre en direct ce que l'on vit au quotidien" ajoute-il, alors que la caméra se tourne pour rendre visible un fourgon blanc. "Dès qu'on a la caméra allumée, dès qu'on commence à vous parler, il y a des policiers qui viennent vérifier nos accréditations, nos identités et qui s'assurent qu'on n'est pas là pour causer des désordres. Ils vérifient aussi la chaîne, ils regardent évidemment ce qu'on produit", poursuit le journaliste. "Je pensais pas vous le montrer en direct mais c'est exactement notre réalité de journalistes ici", ajoute Jérémy Normand. "Je vous rassure, on travaille dans de bonnes conditions avec les accréditations nécessaires pour couvrir cette élection" a-t-il précisé, avant de poursuivre ses explications du contexte de l'élection, et l'organisation du discours de victoire de Vladimir Poutine sur la place Rouge, expliquant que "tout est joué d'avance".
"Pendant que je vous dit tout ça, trois quatre policiers en uniforme sont en train de nous demander nos papiers (...) S'ils restent à côté de nous c'est parce que je n'ai pas encore sorti ce sésame, l'accréditation qui nous permet de travailler, écoutez je vais le faire devant vous je pense que ça va rassurer tout le monde" a-t-il ajouté, tout en sortant ses papiers d'identification de sa poche pour les donner aux policiers. "Cette accréditation est photographiée plusieurs fois par jour ainsi que nos passeports, tout nous est demandé en permanence. Les policiers nous filment pendant qu'on discute avec des gens, ils filment les visages, c'est vous dire le climat. Pour les opposants, il est beaucoup plus difficile de s'exprimer librement devant notre caméra, car on est tout de suite identifiés comme une télé hostile au pouvoir". Puremedias.com vous propose de visionner la séquence dans la vidéo ci-dessus.
Le journaliste reporter d'images Étienne Grelet tourne alors la caméra vers le groupe de policiers, toujours autour du fixeur qui les accompagne, et qui finissent enfin par partir dans leur fourgon. "Nous avons le droit de travailler ici, nous n'avons pas pris de risques inconsidérés", rappelle encore le journaliste. "Depuis le début de notre correspondance à Moscou avec Etienne Grelet, nous avions réalisé une douzaine de duplex ici même sans jamais être inquiétés de la sorte" a ensuite expliqué Jérémy Normand sur X (Twitter). "C'est la simultanéité de notre intervention avec le discours de V. Poutine qui a provoqué l'intervention des policiers", conclut-il.