La nostalgie a la cote. Alors que "Mad Men" a récemment gagné son quatrième Emmy Award consécutif de meilleur drama, NBC et ABC lançaient toutes deux la semaine dernière une série rétro. La première avait opté pour le "Playboy Club", qui a déjà sombré dans les audiences tandis que la seconde a dévoilé ce dimanche "Pan Am", une série dont l'action se déroule dans les années 60 et qui s'intéresse à plusieurs employées de la compagnie aérienne mythique qui a fermé ses portes au début des années 90.
Et "Pan Am" vend du rêve. La série présente une version incroyablement idéalisée de ce qu'était la vie à l'époque pour le personnel de bord. Tout était simple, tout était beau, on montait dans l'avion sans passer par 18 contrôles de sécurité et scan corporels et le métier d'hôtesse était glamour et promesse de changement et de découverte du monde. Peu importe que les hôtesses soient choisies pour leur physique, pesées, virées quand elles ont 32 ans ou quand elles se marient. Des détails, apparemment et le sexisme qui rendait la vie difficile aux femmes comme le montre si bien "Mad Men" n'est ici qu'un élément d'un décor peint sur une toile qui en enlève tous les défauts.
Mais, après tout, si "Pan Am" n'a pas envie de tomber dans le sérieux et de faire réfléchir ses téléspectateurs sur les évolutions entre les années 60 et nos jours, ce n'est pas dramatique. C'est dommage, mais pas handicapant en soi. Le vrai problème, c'est qu'en plus de sa superficialité, "Pan Am" ne sait pas vraiment ce qu'elle veut dire. On nous présente quatre hôtesses de l'air dont les histoires sont racontées via des flashbacks et qui cachent toutes un secret, on mélange du soap, de l'"historique" et même de l'espionnage sans vraiment donner une claire indication de ce que la série est.
Les personnages sont pour l'heure à peine esquissés, à l'exception de Kate (Kelli Garner), la grande-soeur qui a peur d'être dans l'ombre de sa petite soeur plus belle qu'elle et à qui tout sourit, et qui se fait embaucher par la CIA pour des petites missions. On regrette surtout que Christina Ricci, pourtant tête d'affiche de la série, soit si peu présente tandis que la Québécoise Karine Vanasse joue une Française dont l'intrigue est déjà close dans ce premier épisode. Ajoutez à ça une hôtesse mystérieusement disparue et des personnages masculins qui sont la définition-même du cliché, et le tableau est complet.
Le bilan n'est donc pas particulièrement brillant à l'issue du premier épisode. Tout est beau, tout est lisse, tout est glamour et l'effet nostalgie fonctionne à plein. Le pilote remplit son office en nous plongeant dans un univers agréable et presque idyllique. Mais l'absence d'une quelconque réflexion sur la période, les personnages trop caricaturaux et la confusion des genres a de quoi inquiéter. Rien n'est perdu, mais il ne suffit pas de vendre du rêve pour satisfaire les téléspectateurs. De bonnes intrigues et des personnages bien écrits sont indispensables et les prochains épisodes devront absolument assurer sur ces deux points.