Une intrigue qui fait grincer des dents. Depuis le 23 juillet dernier sur France 3, "Plus belle la vie" a choisi d'aborder la question de la gestation pour autrui, à travers le personnage de Céline Frémont, interprété par Rebecca Hampton. Après plusieurs mois d'absence à l'antenne, celle-ci est revenue au quartier du Mistral et a annoncé à la surprise générale sa grossesse. Une grossesse qui, comme l'ont appris peu de temps après les fidèles du feuilleton, n'est qu'un leurre ; Céline Frémont ayant eu recours aux services d'une femme enceinte, chargée d'accoucher à sa place d'un enfant qu'elle fera passer à l'issue pour le sien.
Même si le personnage de Céline Frémont va être victime au final d'une arnaque, la manière dont la gestation pour autrui a été amenée dans "Plus belle la vie" n'a pas été du goût de tout le monde, à commencer de celle de la Coalition internationale pour l'abolition de la maternité de substitution (CIAMS), qui affirme rassembler des "forces féministes et en faveur des droits humains" et qui a écrit à deux reprises à la production du feuilleton pour l'alerter.
Dans un communiqué publié lundi sur son site, la CIAMS déplore "un parti pris très grave" qui "vise à rendre acceptable une pratique d'exploitation du corps des femmes, interdite en France et dans la plupart des pays d'Europe". Et d'énumérer la liste des "subterfuges" utilisés par la production pour "présenter cette pratique de 'location d'utérus' sous un angle socialement admissible", avec notamment "le recours au rôle d'une jeune femme médecin comme caution médicale, scientifique et morale", "la mise en avant d'une avocate brillante et spécialisée dans les causes justes comme mère d'intention" ou encore "l'utilisation des vieux poncifs sur le dévouement féminin ainsi que sur la nécessité de la maternité".
Par conséquent, la Coalition, qui déplore l'absence de réponse à ses deux courriers, demande que "la production de 'Plus belle la vie' rappelle, de façon explicite, l'interdiction de la GPA". Elle souhaite également voir évoquée dans le feuilleton un rapport de 2018 de l'ONU assimilant la gestation pour autrui à de la "vente d'enfants", "dès lors que la mère porteuse ou une tierce partie reçoit une rémunération ou tout autre avantage en contrepartie du transfert d'un enfant".
Enfin, dans ce communiqué soutenu par des organisations telles que les Chiennes de garde mais également une députée, une médecin ou l'ancienne ministre des droits de la femme Yvette Roudy, la CIAMS annonce avoir saisi le Conseil supérieur de l'audiovisuel sur cette intrigue polémique. Il convient toutefois de préciser que si l'extension à toutes les femmes de la procréation médicalement assistée (PMA), réforme sociétale voulue par le gouvernement, sera débattue à la rentrée à l'Assemblée nationale, la GPA restera elle interdite en France.
En quinze ans d'existence, "Plus belle la vie" s'est distinguée pour avoir abordé avec justesse les sujets de société les plus variés tels que le mariage homosexuel, l'homoparentalité ou la transidentité. Un point que reconnaît la CIAMS au début de son communiqué, soulignant que la série de France 3 est "bien connue pour sa capacité à présenter les questions sociales avec nuance et une fine connaissance des sujets".