Le CSA veut siffler la fin de la récréation. Dimanche soir, dans "Soft Power" sur France Culture, Frédéric Martel recevait en direct le président du CSA, Roch-Olivier Maistre. En poste depuis bientôt un an, le responsable a évoqué les grandes lignes du projet de loi de réforme de l'audiovisuel. Il a également été interrogé sur le cas des chaînes d'information en continu, qui ont été pointées du doigt à de nombreuses reprises depuis la rentrée suite à la diffusion de séquences polémiques, de la retransmission intégrale sur LCI du discours d'Eric Zemmour à la "convention des droites" à la présence quotidienne du même polémiste sur CNews dans une émission dédiée.
"Comment vous sentez cette évolution ?", a ainsi demandé le journaliste Frédéric Martel en abordant la thématique de "la télé du clash". Pour Roch-Olivier Maistre, cela tient au paysage "très singulier" des chaînes d'information en continu en France, "avec trois chaînes privées en concurrence frontale (BFMTV, LCI et CNews, ndlr) plus une chaîne de service public (franceinfo, ndlr), voire deux, si on compte France 24". Et le président du CSA de rappeler qu'à l'heure actuelle, seule BFMTV, chaîne d'information leader, gagne de l'argent. "Les deux autres perdent de l'argent et sont donc en concurrence et dans une course frénétique", a pointé celui qui a succédé à Olivier Schrameck à la tête de l'instance.
Il a affirmé par ailleurs que, la semaine dernière, la plupart des saisines du CSA pour des "clashs" concernaient LCI et CNews. Pour Roch-Olivier Maistre, "c'est bien le signe que ces deux chaînes qui sont en concurrence frontale et qui perdent de l'argent sont dans une stratégie de rechercher le show, le spectaculaire...". Le mois dernier, le gendarme de l'audiovisuel avait "fermement mis en garde" LCI suite à la retransmission intégrale du discours d'Eric Zemmour. De même, toujours sur LCI, la séquence dans laquelle Alain Finkielkraut a légitimé le viol suite à un raisonnement par l'absurde dans "La Grande Explication" diffusée mercredi dernier, a engendré pas moins de 3.800 signalements, soit plus que pour la phrase polémique d'Eric Zemmour sur le général Bugeaud selon Roch-Olivier Maistre. Le président du CSA a annoncé que les responsables de CNews seront auditionnés prochainement par son instance.
"On a un principe dans ce pays qui est la liberté d'expression, un principe qui a valeur constitutionnelle", a-t-il cependant tenu à nuancer en rappelant qu'il y a deux ans, la mise en demeure du CSA concernant une séquence d'Eric Zemmour sur RTL a été annulée par le Conseil d'état au titre de cette liberté. Et Roch-Olivier Maistre de conclure : "Il faut toujours trouver la juste ligne de crête dans les décisions qu'on est amenés à prendre". puremedias.com vous propose de réécouter cette séquence.