Le journalisme participatif a de beaux jours devant lui. C'est du moins ce que semble penser "The New Yorker". Le magazine d'information américain a en effet annoncé mercredi le lancement d'une boîte informatique sécurisée appelée "strongbox", "le coffre fort". Le principe est simple : permettre à chaque citoyen de déposer de manière anonyme dans cette boîte aux lettres virtuelle des documents sensibles qu'il estime d'intérêt public. A la rédaction du journal ensuite de faire le tri et d'exploiter les informations. Chacun pourra donc se prendre un instant pour "gorge profonde", la source du Watergate, les risques en moins. Pour le magazine, c'est aussi un bon moyen de récolter des scoops à bon compte.
La sécurité de la Strongbox est assurée par une technologie développée par Aaron Swartz, un hacker américain qui s'est suicidé en janvier dernier, peu de temps avant l'ouverture de son procès pour vol et mise en ligne de documents scientifiques protégés. Ce génie de l'informatique, devenu une véritable légende de la toile, a créé un logiciel libre de droits permettant de rendre anonymes les connexions internet. En envoyant des documents via Strongbox, l'internaute aura donc la garantie que les journalistes du "New Yorker" ne pourront pas connaître son adresse IP ni accéder à toute autre information qui permettrait de l'identifier.
Bien que novatrice, la Strongbox n'est cependant pas révolutionnaire. Dans le sillage de WikiLeaks et avant le "New Yorker", plusieurs journaux ont en effet mis en place des dispositifs numériques similaires. En 2011, le "Wall Street Journal" a lancé sa "SafeHouse", un site destiné à recevoir des informations sur un serveur sécurisé. En France, "Médiapart" a également tenté l'aventure du journalisme participatif en lançant en mars 2011 "FrenchLeaks", un site internet protégé permettant de recueillir des documents sensibles. Directement inspiré de "WikiLeaks", cet outil français ne semble cependant pas avoir rencontré le même succès. Les derniers documents publiés sur le site remontent à août 2011.