Un retour qui ne fait pas que des heureux. Alors que M6 donnera ce soir en prime time le coup d'envoi de la 9e saison de "Top Chef", animée par Stéphane Rotenberg, avec Hélène Darroze, Philippe Etchebest, Jean-François Piège et Michel Sarran, "Libération" interviewe ce matin un chef, Bruno Verjus, "très agacé par l'émission", explique le quotidien. Celui qui officie au restaurant Table à Paris n'hésite pas à dénoncer le "côté pornographique" du programme culinaire. "C'est un enchaînement de tensions, qui caressent le cerveau reptilien à la manière d'un film pornographique", poursuit-il.
Bruno Verjus ne trouve aucune qualité à "Top Chef", qu'il accuse de donner "une fausse image de la cuisine et des cuisiniers". "Il faut non seulement concevoir des recettes, mais porter une équipe, entretenir des liens avec ses producteurs - toutes ces coulisses du métier, vous ne les verrez pas dans 'Top Chef'", dénonce-t-il. Selon lui, avec cette émission, "on fait appel aux instincts les plus basiques : le spectacle, la compétition, le sang, les larmes". Le chef estime que le succès du programme est "le reflet d'une époque avide de paillettes, de tensions, de drames". Et Bruno Verjus d'enfoncer le clou : "Là où la télé prétend stimuler ce secteur d'activité, elle ne fait que l'enterrer. Car elle le met sur une fausse route".
Et quand "Libération" essaie de défendre tant bien que mal la créativité culinaire des candidats de M6, Bruno Verjus se montre tout aussi peu convaincu. "Comment savez-vous que leur plat est vraiment bon ?", fait-il mine de s'interroger. Le chef de Table n'a guère une meilleure opinion de ses prestigieux confrères qui prennent part à "Top Chef". "La télé utilise des chefs reconnus en tant qu'alibis. (...) C'est un marché de dupes", tempête Bruno Verjus.
Il confie avoir lui-même décliné une proposition de M6. "Quel serait l'intérêt de jouer les alibis entre deux pubs pour Danette ou McDo ?", résume-t-il. Bruno Verjus estime enfin que les autres chefs sont pris par "ce syndrome qui consiste à ne pas pouvoir refuser une invitation de la télé". Et constate, un brin fataliste : "L'exposition profite à leurs affaires".