Festival de la fiction de La Rochelle. Xavier Dupont de Ligonnès inspire les créateurs de séries. Alors que se tient depuis mercredi et jusqu'à dimanche le festival de la fiction télévisée de La Rochelle, M6 et TF1 présentent toutes deux de libres adaptations de la célèbre affaire. Ainsi, la Six relate en 4x52 minutes cette terrible histoire du père de famille suspecté d'avoir tué sa femme, leurs trois enfants et leurs deux chiens avant d'enterrer leurs cadavres sous la terrasse et de disparaître sans jamais être retrouvé jusqu'ici. Du côté de TF1, officiellement, c'est l'histoire de John List qui est au coeur de "La part du soupçon" en 2x52 minutes. Cette fois, c'est un homme accusé d'avoir tué sa famille dix ans plus tôt avant de subir une reconstruction faciale et de refaire sa vie.
En ouverture du festival, hors compétition, M6 a proposé mercredi le premier épisode d'"Un homme ordinaire", sa série qu'elle prépare de longue date sur l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès. Présomption d'innocence oblige, Arnaud Ducret joue un personnage qui s'appelle Christophe de Salin. Mais il s'agit là de la seule grosse différence puisque même la date de la découverte est identique à celle des faits. Ce premier épisode, au rythme lent, met bien en place l'intrigue. Et tout démarre par un accident de voiture - qui n'existe pas dans l'affaire -, où Christophe de Salin emboutit une voiture et laisse ses coordonnées à une automobiliste effrayée.
Il faut dire qu'Arnaud Ducret, lunettes rectangulaires et air sombre, est particulièrement convaincant en potentiel meurtrier de sa famille. Très vite, le tableau est dressé : Christophe de Salin est un homme froid, en grande difficulté financières et qui, s'il est proche de ses enfants, émet une pression psychologique sur sa femme qui n'a pendant longtemps pas eu le droit de travailler et n'a aucun moyen d'accéder aux comptes du couples, hormis une carte bancaire. L'histoire de la famille est entrecoupée de scènes de la police et notamment de la découverte des corps sous un béton encore frais mais également d'une hackeuse, la même qui a été victime de l'accident de voiture, bien décidée à éclaircir cette sombre affaire. Sauf que cela sonne faux. La pirate informatique jouée par Emilie Dequenne ne convainc absolument pas et embourbe l'histoire dans des travers sans aucun intérêt.
Dans l'ensemble, ce premier épisode d'"Un homme ordinaire" déçoit mais est sauvé par un Arnaud Ducret effrayant et ce malgré un rythme très lent. Malgré tout, ce premier quart de la mini-série de M6 donne envie de découvrir la suite - afin notamment de savoir comment cette affaire connue de tous est mise en image. Reste que les rajouts inutiles - la hackeuse notamment - desservent énormément cette mini-série pourtant attendue.
Samedi, en compétition cette fois dans la catégorie téléfilm, TF1 a présenté "La part du soupçon" avec Kad Merad et Laurence Arné, un 2x52 minutes qu'elle diffusera le 23 septembre prochain. Mais contrairement à M6, il ne s'agit pas de l'affaire Xavier Dupont de Ligonnès. La fiction de la Une s'inspire de l'affaire John List, un Américain qui a tué toute sa famille mais n'a été retrouvé que 20 ans plus tard. Toutefois, il est impossible de regarder le téléfilm sans penser à Xavier Dupont de Ligonnès.
Car celui-ci s'ouvre sur le couple formé par Laurence Arné et Kad Merad. Alors que celui-ci part travailler, son épouse ouvre à des policiers, qui suspectent Thomas Kertez (Kad) d'être l'homme qui a tué toute sa famille avant de subir une reconstruction faciale - officiellement après un accident. Outre la défense d'un Kad Merad très sombre dans le jeu et dans le regard, le téléfilm se consacre surtout à savoir le ressenti de son épouse : l'homme qu'elle a épousé est-il le même qui a tué toute sa famille dix ans plus tôt ? Et le pari est pleinement rempli, d'abord avec une Laurence Arné bluffante dans le rôle de cette femme pleine de doutes.
Outre les comédiens, le scénario tient le spectateur en haleine. Jusqu'aux dernières minutes, le doute nous habite pour savoir si oui ou non, Thomas Kertez est celui qui a tué toute sa famille avant de refaire sa vie. Le tout est parfaitement emmené dans une atmosphère très sombre. Seul petit bémol en revanche : une fin qui arrive rapidement et qui ne laisse pas de place à un développement qui aurait pu être intéressant des personnages, au moins sur quelques minutes. Mais un bémol que l'on oublie au vu de la qualité de ce téléfilm, particulièrement réussi et au suspense parfaitement maîtrisé.