Ils ne passeront pas Noël ensemble. Sur son site internet, "So Foot" a publié hier un entretien du président de la Fédération française de football, Noël Le Graët, à quelques heures du coup d'envoi du premier match de l'équipe de France dans l'Euro de football. Très rapidement, l'interview a tourné au vinaigre. Les deux journalistes du titre de presse, Matthieu Pécot et Vincent Riou, ont fait le choix de retranscrire au mot près la forte tension de cet échange.
Après quelques questions sur l'état d'esprit des Bleus et l'engagement d'Emmanuel Macron auprès de la sélection de Didier Deschamps, le patron de la FFF a dû revenir sur ses propos autour de la chanson de Youssoupha, dédiée à l'équipe tricolore. Noël Le Graët avait fait savoir que le titre du rappeur n'était pas l'hymne de l'équipe de France pour l'Euro et avait déploré une erreur de casting due à certaines de ses équipes de la FFF. "Ca n'a jamais été décidé par la fédération. C'est quelque chose qui est passé sur les réseaux, je le dis avec beaucoup de sincérité (...) C'est un non-événement", a-t-il déclaré à "So Foot", assurant que "rien" ne le dérangeait dans la chanson et que "ce n'est pas du tout parce que c'est un rappeur".
Relancé à quatre reprises sur ses déclarations sur le chanteur, Noël Le Graët s'est énervé lorsque les journalistes lui ont indiqué qu'il avait tenu des propos similaires à ceux de Jordan Bardella, vice-président du RN. "Non, mais écoutez, ne me lancez pas là-dessus si vous voulez bien. Ce n'est pas parce que le Front national l'a critiquée... La décision, elle a été prise ici", a-t-il rétorqué. Et de répliquer, agacé : "Que certains critiquent, tout ça, ça m'est égal. Il n'a jamais été question que ce soit l'hymne de l'équipe de France". Et de s'emporter après une nouvelle question sur le RN : "Y'a encore combien de questions sur le Front national ? Sinon on fait une émission politique et je vous jure que j'adore la politique (...) Je croyais que c'était pour me parler de foot".
L'entretien a repris sur de nouvelles questions autour de Youssoupha, perturbant le président de la FFF qui répondait laconiquement. Lorsque "So Foot" a pointé un manque de mixité au sein de la fédération, l'interviewé a grogné que "tout le monde peut être candidat partout" et qu'il n'a pas "l'impression qu'il y ait des barrages" : "C'est des querelles inutiles. Je réponds sans problème, et avec gentillesse. Parce que très franchement, je suis sûr de moi (...) Moi je suis chef d'entreprise, j'ai des salariés. Même ici, ma secrétaire, allez voir sa couleur de peau. Et le directeur que je viens d'embaucher, un Diallo. Tout ça, ce sont des querelles inutiles".
Après cet échange tendu, le directeur de la communication a commencé à intervenir auprès des journalistes. Des prises de paroles que "So Foot" a également retranscrites dans l'interview. "Honnêtement, vous ne voulez pas enchaîner ? Parce que l'objet, c'était l'Euro quand même. Là franchement...". Mais l'entretien s'est poursuivi dans des conditions encore plus électriques, l'interview abordant ensuite le retour de Karim Benzema chez les Bleus, la valeur de la Ligue 1, un hypothétique match France/Algérie ou le drame du Danois Eriksen qui a fait une crise cardiaque en plein match. "Si vous ne cherchez que des querelles... Je réponds gentiment tout le temps", a lancé le patron de la Fédération. Et d'ajouter : "Je pense être correct dans mes réponses. Je n'ai pas employé de mots désagréables, vous me posez des questions, je réponds. J'ai aussi le droit de ne pas être tout à fait d'accord avec votre avis".
L'interview s'est terminée par un jeu de ping-pong avec le directeur de la communication qui s'est plaint que les journalistes n'aient pas assez parlé de l'Euro. "On a posé des questions que plein de gens se posent. Il y avait bien le sujet Youssoupha dans la liste des thématiques qu'on vous avait envoyée", ont précisé les intervieweurs. Et de glisser : "Vous vouliez qu'on vous parle de quoi autour de l'Euro ? De la stratégie de la Belgique ? (...) On tombe un peu des nues par rapport à votre manière de penser qu'il y a eu un traquenard ou que nos questions n'étaient pas intéressantes". "Ce n'est pas un traquenard. C'est juste que vous une manière de ne pas recevoir certaines réponses à certaines questions", a conclu le patron de la communication de la FFF.