Séquence signalée. La délégation interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) a annoncé, ce vendredi sur Twitter, avoir saisi l'Autorité de régulation de la communication audiovisuelle (Arcom, ex-CSA) après les "propos inacceptables" tenus la veille notamment par Raymond Aabou, l'un des chroniqueurs de "Touche pas à mon poste" sur C8. Celui-ci avait lancé à l'attention de son homologue Hugo Manos : "Aux yeux de certaines personnes, vous n'êtes pas normaux ! (...) Y'a des gens qui n'aiment pas les PD !".
"S'il est nécessaire de le rappeler, les comportements homophobes ne relèvent pas de la liberté d'expression et n'ont pas leur place dans notre société", s'est indignée la délégation placée sous l'autorité de la première ministre, Elisabeth Borne.
Ce signalement est consécutif à de multiples échanges houleux entre les chroniqueurs du talk de C8. Ces derniers ont été invités à débattre du refus du joueur du Paris Saint-Germain, Idrissa Gueye, de porter un maillot sur lequel apparaît le drapeau arc-en-ciel, au nom de la religion qu'il pratique. Cette action symbolique avait pour but, pour le monde du football, de marquer son soutien à la lutte contre l'homophobie, un objectif censé être universel.
Dans la séquence signalée à l'Arcom, les chroniqueurs Raymond Aabou et Hugo Manos sont revenus, jeudi 19 mai, sur la confrontation qui a opposé la veille Matthieu Delormeau à Gilles Verdez. Ce dernier a longuement expliqué qu'il comprenait la position du footballeur : "Moi, je lui donne raison au nom de sa liberté de conscience, d'expression, de religion. Et pour ça il est jeté aux chiens. Je trouve ça inadmissible". Une analyse qui a ulcéré Matthieu Delormeau. "Tu es vraiment un énorme connard", a lancé le chroniqueur ouvertement gay. Et d'ajouter : "L'homophobie, c'est pas une opinion, c'est un délit ! (...) Ce que tu dis là, c'est une honte !". Il avait fini par quitter le plateau, épuisé par la teneur de cette discussion.
Le lendemain, sur ce même plateau, Hugo Manos a apporté son soutien à Matthieu Delormeau : "La vérité, c'est que pour le même débat sur le racisme, autour de la table, tout le monde aurait dit la même chose. Quand il s'agit de l'homosexualité, là c'est pas un problème, on peut se permettre de dire 'je suis pas ok avec un certain nombre de choses'", a déploré le compagnon de Laurent Ruquier.
C'est à cet instant que Raymond Aabou s'est lui aussi impliqué dans le débat : "On fait plein de trucs pour les homos, on fait plein de trucs pour l'homophobie. En 1980, fallait vous cacher, arrêtez de faire les malins !", a-t-il osé. Hugo Manos lui a alors répliqué qu'il tenait des "propos homophobes systémiques". Cyril Hanouna de tempérer : "Raymond tu ne peux pas dire : 'On fait beaucoup pour les homos'. Ce ne sont pas des gens à part".
Mais le chroniqueur a persisté : "Aux yeux de certaines personnes, vous n'êtes pas normaux" (...) "Il y a des gens qui n'aiment pas les pédés, ils disent 'tant qu'ils ne m'emmerdent pas, ce n'est pas mon cul, ils font ce qu'ils veulent'." Le chroniqueur avait regretté dans un tweet, rédigé un peu plus tard dans la soirée, avoir "été maladroit".