"Nordahl Lelandais, Maëlys et le mystère des disparus des Alpes". C'est le titre de la première de "Contre-enquête", le nouveau magazine d'investigation que lancera M6 le 14 mars prochain, à 21h10. En présence d'Amandine Bégot, l'animatrice du programme créé par Jean-Marie Goix - à l'origine d'"Enquêtes criminelles" sur W9 - et produit en interne par C. Productions, M6 a présenté ce matin à la presse le tout premier "Contre-enquête". Directeur des programmes de la Six, Frédéric de Vincelles a rappelé que celui-ci inaugurera la toute nouvelle gamme de magazines que la chaîne lancera dans les prochains mois.
Avant même la diffusion du premier numéro, la chaîne envisage déjà de pérenniser cette nouvelle marque. Selon Jean-Marie Goix, cinq numéros de "Contre-enquête" seront diffusés chaque année sur M6. Après Nordahl Lelandais et l'affaire Maëlys, le second sera consacré à Arnaud Beltrame, l'officier de gendarmerie abattu au cours d'une prise d'otage terroriste à Trèbes en mars 2018. Un troisième volet, consacré au violeur et tueur en série Michel Fourniret, est également en préparation. Contrairement aux apparences, Frédéric de Vincelles a expliqué que "Contre-enquête" n'est "pas un magazine de faits divers" et qu'il a pour promesse "des révélations fortes à chaque numéro". En somme, vous allez voir ce que vous allez voir !
Et c'est donc avec l'affaire Maëlys, macabre pain béni pour les magazines de faits divers qui lui ont tous consacré au moins un numéro spécial, que M6 a décidé d'inaugurer son nouveau format. Alors qu'elle avait initialement pensé à proposer le documentaire choc "Leaving Neverland" sur Michaël Jackson, la Six a changé son fusil d'épaule après les derniers rebondissements autour de Nordahl Lelandais. Pour rappel, ce lundi, la justice a annoncé avoir rouvert une quarantaine d'affaires non résolues dans le secteur des Alpes pouvant impliquer celui qui est mis en examen pour les meurtres de la jeune Maëlys et du caporal Arthur Noyer.
Et ce sont précisément à ces affaires non-élucidées que "Contre-enquête" a décidé de s'intéresser. Les équipes de C. Productions assurent avoir travaillé pendant plus d'un an autour du "mystère des disparus des Alpes". En guise d'introduction, la voix off, omni-présente, rappelle qu'un "scandale" se cache derrière les meurtres de Maëlys et Arthur Noyer. "Entre 2007 et 2017, 28 personnes se sont évaporées dans la nature sans qu'aucune enquête ou presque n'ait cherché à comprendre ce qui leur est arrivé", prévient la voix off avant de révéler la "conclusion implacable" de cette première "Contre-enquête" : "La justice aurait pu arrêter Nordahl Lelandais beaucoup plus tôt et la petite Maëlys n'aurait jamais dû mourir".
À grands coups de "révélations exclusives" et de "témoignages exclusifs", le reportage de M6, au ton très sensationnaliste et manquant cruellement de nuance, accable littéralement la justice et les enquêteurs tout au long des quarante-cinq premières minutes qui ont été montrées à la presse ce matin. À en croire le document de la Six, basé en partie sur les témoignages des familles de disparus et des associations de victimes, les gendarmes n'ont quasiment jamais fait leur travail correctement dans plusieurs affaires non-résolues. Ils sont même accusés à demi-mot d'être les responsables du drame qui est arrivé à Maëlys. Les "terribles ratés et incroyables négligences dans le dossier Noyer vont tout droit conduire à la mort de Maëlys", est-il dit à plusieurs reprises.
L'un des (nombreux) problèmes de l'enquête de M6, c'est qu'elle s'embarrasse peu de la présomption d'innocence et qu'elle laisse une large place aux témoignages des familles de disparus, dont une part est désormais convaincue de la culpabilité de Lelandais. Hors, tant que cette culpabilité n'a pas été démontrée - et M6 ne fait que des rapprochements et n'avance aucune preuve formelle dans les images dévoilées ce matin -, Lelandais demeure présumé innocent. Plus grave encore, les enquêteurs, pointés du doigt pour leurs manquements tout au long du reportage, n'ont même pas le droit à la parole ! Sur ce point, la Six explique qu'une invitation a été lancée pour qu'ils participent au débat qui suivra la diffusion du document. La chaîne précise également que l'avocat de Nordahl Lelandais n'a pas souhaité intervenir dans le reportage, contrairement à l'avocat des parents de Maëlys.
À cet ensemble bancal s'ajoutent des images de reconstitutions dispensables qui renforcent l'aspect sensationnaliste du film. La chaîne a en effet fait appel à des comédiens - dont un qui incarne Nordahl Lelandais - pour rejouer certaines scènes de disparition ou encore pour reconstituer le mariage des parents de Maëlys. Invitée à réagir à ces critiques après la diffusion du reportage, M6, qui a l'habitude des programmes qui font du bruit, s'est défendue. "Si les gendarmes reprennent aujourd'hui leurs investigations sur quarante affaires, c'est bien qu'il y a une suspicion", a ainsi expliqué Vincent Régnier, patron des magazines de la chaîne. Très présent dans le document, le journaliste Laurent Valdiguié a réfuté les accusations de manque de contre-point et maintenu que l'affaire Lelandais est le révélateur "d'un véritable scandale".
Invité du "#QHM" de puremedias.com il y a deux semaines, Frédéric de Vincelles avait évoqué le lancement de "Contre-enquête" et l'arrivée d'Amandine Bégot sur M6 :