La chaîne réclame des explications. Le 3 octobre dernier, au moment de l'arrestation du braqueur en cavale Redoine Faïd à Creil, "Le Parisien" avait révélé qu'une journaliste qui enquêtait sur le fugitif avait fait l'objet d'une surveillance de la police, avec l'accord des juges. Les forces de l'ordre auraient eu le droit de suivre à distance la reporter dans l'espoir de mettre la main sur Redoine Faïd, car la journaliste aurait été susceptible d'obtenir une interview de l'évadé.
Selon BFMTV, il s'agissait de Marie Peyraube, une journaliste de sa rédaction, qui préparait un documentaire sur le braqueur depuis son évasion en hélicoptère du centre pénitentiaire de Réau, en Seine-et-Marne. Diffusé le lundi 8 octobre sur la chaîne, le film baptisé "Redoine Faïd, l'ennemi public numéro 1" retraçait la vie du fugitif, de sa jeunesse en région parisienne et à sa dernière évasion. Pour cela, la reporter avait interrogé une trentaine de personnes, dont des amis d'enfance, des avocats et des policiers. Hier, dans un communiqué, l'Association de la presse judiciaire, dont Marie Peyraube fait partie, a pointé du doigt des "méthodes intrusives" et a précisé sa volonté de s'associer "à toutes les voies de recours qui pourraient être engagées contre ce qui s'apparente à une violation de la loi sur la protection des sources des journalistes."
Selon une information du "Monde", la direction de BFMTV a envoyé vendredi deux courriers à la Direction générale de la police nationale et au procureur de la République de Paris François Molins afin d'avoir des explications sur ces méthodes. "Nous leur avons demandé des précisions sur la nature d'un tel suivi : s'agissait-il d'une géolocalisation, d'écoutes ? Combien de temps cela a-t-il duré ? Est-ce bien fini aujourd'hui ?", a préscisé Céline Pigalle, directrice de la rédaction de la chaîne.
De son côté, Marie Peyraube a précisé n'avoir jamais voulu interroger Redoine Faïd car elle était dans "une enquête très classique" pour un portrait "avec des interviews de copains de collège, de proches, d'avocats, de policiers et de voyous qui l'ont connu". Céline Pigalle a ajouté dans les deux lettres : "On sent une possible tentative de discréditer notre travail, en laissant entendre que nous voulions tendre un micro à cet homme. Ce n'est pas le cas."
Par ailleurs, les services du procureur de la République de Paris ont répondu au "Monde" ne pouvoir "ni confirmer, ni infirmer le suivi évoqué dans l'article du 'Parisien', à ce stade, au vu des éléments du dossier d'instruction". Contactée par le quotidien, la DGPN ne commente pas non plus, renvoyant vers l'institution judiciaire.