Les prud'hommes donnent tort à "Télérama". Comme l'a souligné "Le canard enchaîné" dans son édition de cette semaine, le conseil des prud'hommes de Paris a condamné le magazine culturel le 22 avril dernier pour licenciement sans cause réelle et sérieuse concernant la sanction infligée à un de ses anciens salariés, Emmanuel Tellier, remercié pour "faute simple" suite à des accusations d'agissements sexistes portées contre lui.
L'affaire remonte à 2019 : le groupe Le Monde, auquel appartient le magazine, avait décidé de combattre les pratiques sexistes dans ses différentes rédactions. Pour cela, un questionnaire, élaboré par le cabinet Egae avait été remis à chaque salarié. Le cabinet, fondé par la militante féministe Caroline de Hass s'était vu confier une mission préventive sur le sujet. A l'issue de ces questionnaires dans lesquels les comportements de cadres avaient été signalés, la direction de "Télérama" avait ouvert une enquête interne et procédé à des auditions.
La procédure avait abouti en mai 2019 au licenciement de deux journalistes, Emmanuel Tellier donc, mais aussi Aurélien Ferenczi, licencié lui pour "faute lourde", alors que les deux hommes contestaient les faits qui leur étaient reprochés par une partie de leur collègues. "A l'issue de cette enquête, qui m'a été remise fin avril, j'ai pris connaissance des faits qui étaient graves, puisqu'il s'agissait d'agissements sexistes, de harcèlement sexuel et dans un cas, de harcèlement moral également. J'ai pris la décision de lancer une procédure disciplinaire, qui s'est soldée par des licenciements", avait précisé Catherine Sueur, présidente du directoire de "Télérama" à l'AFP.
Mais les prud'hommes n'ont pas partagé le même avis. Comme l'a relevé "Le canard enchaîné", qui a livré des extraits du jugement, "même si la bonne foi des salariées victimes ne peut être mise en doute, la véracité et la réalité des propos reconstitués des années plus tard ne reposent sur rien d'objectif et de certain. (...) Les témoignages qui rapportent des faits ou des confidences dont se plaignent une ou des salariées ne peuvent pas non plus constituer ne serait-ce qu'un commencement indirect de preuve".
"Selon moi, il y a eu un ratage collectif dont personne ne sort gagnant, ni moi, ni la direction de 'Télérama'. Le travail de Caroline De Haas est évidemment en cause", a réagi Emmanuel Tellier, interrogé par "Marianne". L'homme a un exemple précis en tête : "On m'accusait par exemple d'avoir envoyé un SMS ambigu à une personne dont je n'avais même pas le numéro, ce que j'ai pu prouver".
De son côté, "Télérama" a réaffirmé dans un communiqué le sérieux de son enquête interne, décrite comme "rigoureuse et contradictoire". L'AFP indique que le magazine a décidé de faire appel de la condamnation des prud'hommes.