Ce soir, Alessandra Sublet présentera un sixième numéro de "Action ou vérité" sur TF1. Après de bons débuts au printemps dernier, son divertissement du vendredi a ensuite vu ses audiences s'effriter avec un dernier numéro suivi par seulement 750.000 téléspectateurs (12,5% de PDA) le 9 septembre dernier. puremedias.com a rencontré l'animatrice-productrice et revient avec elle sur les performances de son format original mais aussi sur les autres projets qu'elle a avec le groupe TF1. L'occasion également d'évoquer avec elle sa rentrée sur Europe 1 où elle anime depuis un mois "La Cour des grands", de 16h à 18h.
Propos recueillis par Benjamin Meffre.
puremedias.com : Vous avez obtenu la programmation par TF1 d'"Action ou vérité" deux fois par mois. Heureuse ?
Alessandra Sublet : Oui, c'était le deal en même temps et TF1 l'a respecté ! On devait faire quatre émissions, ce qui a été le cas. Si cela se passait bien, il était ensuite prévu qu'on revienne à un rythme plus soutenu, un vendredi sur deux. C'est ce qu'il s'est passé. Alors évidemment, je suis heureuse. Mais ce n'est plus le même rythme ! Pour avoir fait une quotidienne sur France 5 ("C à vous", ndlr) et une hebdo sur France 2 ("Un soir à la Tour Eiffel"), je pensais que ça serait plus cool. Et en fait, c'est plus dur ! Il faut fidéliser son public tout en ayant quinze jours de battement entre les émissions. Il faut aussi être très malin dans la façon de programmer les invités car on est malgré tout en concurrence avec des quotidiennes et des hebdos. Si on programme des invités qui sont passés sur d'autres plateaux, il y aura forcément moins d'attrait pour l'émission. Il faut donc proposer quelque chose de différent, un peu comme on avait fait à "C à vous" au tout début.
C'est-à-dire ?
C'est-à-dire avoir plus de mixité, d'être un peu 'ardissonesque'. Thierry Ardisson a toujours été très fort dans le choix de ses invités, avec, à chaque fois, un éclectisme incroyable sur son plateau.
Après deux premiers numéros puissants, "Action ou vérité" a ensuite vu ses audiences décliner pour ses trois numéros suivants. Comment analysez-vous ces audiences ?
Les deux premières émissions avaient très bien marché car on était d'une part programmé plus tôt et aussi parce que l'on a été particulièrement aidé par TF1 qui, pour favoriser notre lancement, ne mettait pas de coupure pub entre le programme précédent et "Action ou Verité". Maintenant, on joue dans la cour des grands. On a le même régime qu'Arthur, avec des coupures pub qui font qu'il y a quelques minutes entre le début du programme et la fin du précédent. Dans ce laps de temps, il y a déjà plus de 3 millions de personnes qui ferment leur télé et vont se coucher parce qu'il est tard même un vendredi. Les deux émissions suivantes, celles du mois de juin, étaient malgré cela dans la moyenne de la case et dans la droite ligne de ce que fait Arthur en moyenne sur cette case.
Et pour le dernier numéro programmé le 9 septembre dernier (ce dernier n'a réuni que 744.000 téléspectateurs, et 12,5% du public) ?
Il y a 10 jours, les gens ne sont pas venus au rendez-vous d'"Action ou vérité". Il faut être très honnête ! "Action ou vérité" est une émission qui a été diffusée quatre fois, là où Arthur est installé depuis bien plus longtemps. Je pense que la promotion du programme est importante sur TF1. Les gens ont besoin qu'on leur dise et répète ce qu'il va y avoir à l'antenne pour installer le rendez-vous. De ce côté-là, TF1 fait son job. De notre côté, on a sans doute changé un peu trop rapidement le contenu de l'émission lors du dernier numéro. On a fait plus de face-à-face, mettant ainsi en avant le côté "talk". Pour l'instant, ce n'est pas ce qu'il faut faire. Les gens sont habitués à avoir du divertissement sur cette case. On ne peut pas changer les habitudes des téléspectateurs comme ça. On a sans doute voulu faire des changements trop radicaux dans ce domaine. Et ça se voit sur la courbe.
Comment a réagi la chaîne justement ?
Ils ont été constructifs. On s'est vu lundi avec TF1 et la chaîne ne m'a pas dit : 'Oh là là, c'est la catastrophe ! Il faut tout arrêter !'. Non ils nous ont simplement mis sur le bon chemin et d'ajouter : 'Attention ! Notre public a besoin qu'on y aille progressivement. Si vous voulez faire des changements, allez-y plus doucement'".
Du coup, doit-on s'attendre à de nouveaux changements pour l'émission de ce soir ?
L'émission ce soir été enregistrée le même jour que la précédente mais le montage permet plus d'humeur. On a aussi apporté quelques modifications sur celles qu'on s'apprête à tourner. C'est marrant parce qu'on dit que TF1 ne laisse pas le temps. Mais ce n'est pas vrai ! Ara Aprikian (le patron des programmes du groupe, ndlr) a pris son téléphone tout de suite, samedi, au lendemain de l'émission, et il m'a dit : "De toute façon, jusqu'à fin décembre, il faut que vous fassiez ce que vous avez à faire". C'est une chaîne à l'écoute et très humaine ! Mais on ne va pas se mentir, il ne faudrait pas que cela arrive 3 ou 4 fois. La vie de l'émission suit son cours. Encore une fois, installer une émission une fois tous les quinze jours, ça demande de ramer deux fois plus que les autres.
"Action ou vérité" a-t-il été vendu à l'étranger ?
Presque ! L'émission va être proposée au MIP. Elle a déjà été pré-vendue dans trois pays et les Américains sont fortement intéressés. Ils veulent la programmer avec une approche plus "divertissement" pour le coup, et on réfléchit avec eux à la meilleure adaptation possible pour leur pays. Ca c'est un aspect de la production que je ne connaissais pas. C'est génial quand même de se dire que ce que l'on a créé avec Clément Chauvin, intéresse des gens à l'étranger, aux Etats-Unis !
Vous avez changé de producteur après deux émissions, laissant de côté TF1 Prod. Pourquoi ?
C'est simple. J'étais jeune productrice. De manière intelligente, TF1 m'a conseillé pour les deux premières émission de m'adosser à une prod qui a l'habitude de travailler avec TF1 afin de prendre le rythme de la chaîne. Ca a été une école géniale car ces gens-là ont des codes, connaissent les habitudes des téléspectateurs justement. Une fois cela intégré, on a pris ensuite notre envol pour les trois suivantes.
Vous avez annoncé vouloir refaire "Fais-moi une place" sur TMC. Vous en êtes où de ce projet ?
On a proposé le format. Ca intéresse la direction, peut-être pour TMC. Moi je pense que c'est la chaine idéale. Mais pour l'instant, il faut prioritairement que j'avance sur "Action ou vérité". Je reste néanmoins convaincue que l'on arrivera à faire voir le jour à cette émission.
TMC n'est donc plus une voie de garage pour les animateurs de TF1 ?
Non ! Je le pensais d'ailleurs avant même que Yann (Barthès, ndlr) arrive sur la chaîne. Je pense que TMC peut être aussi qualitative que France 5 et diffuser de beaux programmes.
Comptez-vous produire d'autres formats pour le groupe ?
Il ne faut pas mettre la charrue avant les boeufs. Oui, j'ai des idées. Mais je sais qu'elles seront davantage valorisées si ce que je fais sur l'antenne fonctionne. C'est pareil partout. Je préfère me dire : 'Allons-y mollo et faisons en sorte que cette grosse machine, "Action ou vérité", diffusée sur cette grande chaîne, TF1, marche. On verra après. Je pense qu'"Action ou vérité" mettra du temps à s'installer. C'est un beau challenge avec encore une fois, une programmation bi-mensuelle assez atypique.
Quelles sont désormais vos relations avec Arthur ?
Très bonnes ! Après les derniers scores d'"Action ou vérité", il a été le premier à m'encourager et à me dire de ne pas lâcher.
Est-ce que vous seriez prête à animer du jeu ?
Je ne pense pas que les gens viennent me voir pour ça. Je pense qu'il est important de faire en télé ce pour quoi les gens aiment vous voir et ce pour quoi on pense être fait. Tout simplement. Mais il n'y a que les imbéciles qui ne changent pas d'avis comme on dit ! On ne m'a jamais proposé un truc dingue qui me fasse sauter le pas. Mais je ne ferme la porte à rien en télé.
On vous a vue dans plusieurs "spéciales" sur TF1. Vous disiez vous-même que vous n'étiez pas très à l'aise dans cet exercice. Voulez-vous malgré tout continuer à en faire ?
Globalement, il y a sur TF1 le taulier du divertissement : Nikos Aliagas. Ce qui est très compliqué quand vous prenez un divertissement en main sur cette chaîne, c'est que les gens ont pour référence Nikos. Et ça, c'est compliqué pour nous (Rires). C'est d'ailleurs pour cela que lorsque l'on a fait le lancement de l'Euro j'ai demandé à Nikos de venir faire quelques plateaux avec moi. Pour ces grosses machines, je suis plus dans le partage. Maintenant, la chaîne me donne parfois la responsabilité d'en faire toute seule. C'est plutôt flatteur !
Les "Stars" sont elles toujours aussi loin du domicile (TF1 a annoncé en 2015 un retour de "Stars à domiciles" animé par Alessandra Sublet) ?
(Rires) Ils travaillent toujours sur cette émission. Pour être tout à fait honnête, je ne sais pas exactement où ils en sont car je ne la produis pas. Mais elle est toujours en route !
On est bien sur TF1 ?
Ah oui ! Au début, pour être tout à fait franche, j'appréhendais un peu mon arrivée sur la chaîne. Il faut se faire une place avec un format nouveau mais aussi au milieu d'animateurs qui sont pour beaucoup là depuis longtemps. Et en fait, ça s'est fait naturellement ! J'en veux pour preuve que lors de la conférence de rentrée de TF1, on s'est fait la même réflexion avec Eric et Quentin de "Quotidien". On se disait : "cette chaîne est friendly !". A TF1, c'est plus friendly et accueillant qu'ailleurs. Et je dis ça après avoir expérimenté plusieurs groupes audiovisuels.
Cela fait un mois que votre émission sur Europe 1 a commencé. Quel premier bilan faites-vous ?
Le premier bilan sera fait en novembre lors de la première vague d'audience. Ce que je peux dire, c'est que le bouche-à-oreille est très bon. Les chroniqueurs, sur lesquels certains avaient des doutes au début, sont finalement très appréciés par les auditeurs. On le voit via les réseaux sociaux ou les appels que l'on reçoit à Europe. Ca va être compliqué pour moi de dire que je n'y crois pas. Je suis sûre qu'on est sur la bonne voie même si ça va demander du temps. J'ai même eu les encouragements de Laurent Ruquier ! Je pense qu'on touche du doigt quelque chose. On n'y est pas encore mais on ne fait pas fausse route.
En juin 2015, vous expliquiez que votre hebdo "Petit Dimanche entre amis" vous prenait trop de temps, justifiant ainsi son arrêt. Pourquoi accepter une quotidienne un an plus tard alors ?
Je vais vous faire une réponse de mère : parce que mon fils a grandi, tout simplement. Quand j'ai commencé cette précédente émission, mon fils venait de naître. Pendant un an, il n'a pas fait ses nuits. Je pense qu'en moyenne cette année-là, j'ai dû dormir quatre heures par nuit !
Cette fois-ci, vous partez donc pour plus d'une saison ?
J'aimerais bien mais ce n'est pas que moi qui décide !
Vous avez signé pour plus d'une saison ?
Non, en télé comme en radio, depuis 15 ans, j'ai toujours signé pour une seule saison. Cela me permet d'avoir le choix de continuer ou pas et de laisser ce même choix à mes employeurs.
Après vous avoir vu allongée dans la mer dans "Paris Match" cet été, on a pu vous voir la semaine dernière sous la pluie dans "Elle". Vous aimez vraiment l'eau, non ?
Rires. Oui, c'est vrai ! Mes amis m'ont fait la même remarque. Concernant la couverture de "Elle", pour la petite histoire, il s'est mis à pleuvoir au début de la séance photo alors qu'on était le 17 août. J'ai dit : "Tant pis, on la fait comme ça". La photographe a trouvé ça amusant et drôle. Et puis c'était naturel, non ?
l "Action ou vérité", ce soir à 23h25 sur TF1