Alors qu'il n'est pas encore sorti, le dernier roman de Michel Houellebecq, "Soumission" (Flammarion, en librairies mercredi), n'en finit pas d'alimenter la polémique. L'écrivain s'imagine en 2022, dans une France dirigée par un musulman, dans un régime islamiste. A la Une de Libération ce week-end, ce sixième roman est perçu par certains comme "une autopsie de la France en déroute", d'autres dénoncent une "image erronée" de l'islam.
Ali Baddou, animateur de "La Nouvelle Edition" sur Canal+, n'a lui pas caché son dégoût. "Sentiment de lecteur, je suis de culture musulmane, ça c'est le hasard. Je suis profondément laïque et ce livre m'a foutu la gerbe, a-t-il expliqué ce midi sur Canal+. Je me suis senti insulté. On est en 2015 et l'année démarre avec ça : l'islamophobie, installée et diluée dans le livre d'un grand romancier français. Je suis habitué au racisme anti-musulmans. Lisez-le et faites-vous votre propre opinion". Nicolas Domenach présent en plateau a appuyé son camarade, expliquant que cet ouvrage "participe à la propagande de l'extrême droite sur le thème du grand remplacement : l'islam, les islamistes viendraient balayer la culture française et les Français pour prendre les pouvoirs".
La sortie de "Soumission" (Ed. Flammarion) devrait être accompagnée d'un important plan de promotion dans les médias. Fait rare, Michel Houellebecq sera l'invité mardi soir du 20 Heures de David Pujadas, sur France 2. L'écrivain est aussi annoncé dans plusieurs émissions de radio avant sa tournée habituelle des plateaux de télévision.
Après la séquence Zemmour qui a rythmé les derniers mois de 2014, la séquence Houellebecq dans les médias français ? Ce matin, Daniel Schneidermann n'hésite pas à faire ce parallèle dans Libération. "Sous couvert d'une peinture séduisante de 'l'islam modéré' (...) 'Soumission' va très délibérément siphonner, pour son lancement, le carburant de l'effroi islamophobe", écrit l'éditorialiste.