Un parfum de nostalgie. Hier, Amir est arrivé à Kiev en Ukraine pour rejoindre la délégation française à l'Eurovision. Une délégation qu'il connaît bien puisque c'est lui qui défendait les couleurs de la France l'année dernière, à Stockholm. Il y a un quasiment jour pour jour, il se hissait en sixième position du classement et redonnait espoir à la France, abonnée aux dernières positions depuis plusieurs années. Cette année, c'est dans la cabine des commentateurs qu'Amir s'exprimera, demain dès 21h sur France 2 aux côtés de Marianne James et Stéphane Bern, duo attitré de l'Eurovision pour la troisième année consécutive.
Ce vendredi, puremedias.com s'est entretenu avec l'interprète de "J'ai cherché", pour l'interroger sur ce qu'il ressent maintenant qu'il est de nouveau plongé dans l'Eurovision, mais aussi sur les chances d'Alma et de son "Requiem", son rôle de commentateur et le niveau de la compétition cette année.
Propos recueillis par Charles Decant.
Il y a un an, tu étais candidat à l'Eurovision, aujourd'hui tu es de retour en tant que commentateur... !
J'ai dit oui avant de savoir si je le ferais bien ! Je dis souvent oui à des choses qui peuvent m'apprendre, me sortir de ma zone de confort. Et je pense que ça sera un podium pour encourager Alma. J'ai bénéficié l'année dernière d'une très forte exposition radiophonique et ça a permis de conquérir le coeur des Français. Et Alma mérite ça, voire encore plus. Je ne voulais pas manquer une occasion de l'encourager. Je voudrais la voir remporter l'Eurovision !
La journée de demain, c'est la plus difficile ?
C'est tellement chargé, tellement épuisant, il y a tellement d'enjeux... qu'au final, cette journée a un côté soulageant, libérateur. On sait qu'en plus, après, il y aura un peu de repos. L'an dernier, j'ai eu trois jours de repos qui m'ont permis d'éviter de devenir fou !
Alma passe dernière demain, c'est une bonne nouvelle ?
C'est une excellente nouvelle ! Plus on passe tôt, plus on a de chances de se faire oublier au moment des votes, qui commencent à la fin. Le meilleur exemple l'an dernier, c'est la Belge, qui avait un tube prédestiné à se classer très haut. Elle est passée première et elle n'a pas réussi à capitaliser là-dessus, les gens ont été submergés par d'autres émotions qui ont eu lieu entre son passage et les votes.
Tu vas pouvoir dévoiler un peu les secrets de l'Eurovision aux côtés de Marianne James et Stéphane Bern demain soir ?
Je ne vois pas ça comme des secrets à proprement parler, mais il y a effectivement beaucoup de moments auxquels les médias n'ont pas accès. Ca va être l'occasion d'en parler au public. Marianne et Stéphane ont un talent incontestable, moi je viens sans ce talent mais avec des infos qu'eux n'ont pas ! Je pense qu'on va réussir à se compléter grâce à ça.
L'année dernière, tu me disais que tu ne ferais pas l'Eurovision si on te demandait de revenir en 2017. Et te voilà de retour dans la délégation ! Pas de petit pincement au coeur, finalement ?
Il n'y a pas de pincement, il y a juste une nostalgie très, très forte de revivre ces choses. Mais j'ai trouvé un autre moyen de les vivre, de participer à l'Eurovision sans l'enjeu du concours et cette pression-là. C'est l'une des raisons qui m'a poussé à dire oui à commenter, même si je ne sais pas vraiment le faire. Ca me permet de sortir un peu de mon quotidien qui est extrêmement chargé mais qui n'a rien à voir avec ça. Depuis l'Eurovision, j'ai tout fait - sauf de l'Eurovision. Et ça m'a manqué !
Tu n'es pas le seul ancien candidat à le faire d'ailleurs ! Mans Zelmerlow, gagnant de 2015 et co-animateur de la cérémonie 2016, est là cette année pour commenter pour la Suède. Le Hongrois de l'an dernier est là lui aussi. Ca devient une reconversion à la mode !
C'est marrant, après ce n'est pas mon objectif. Je connais mon vrai métier, et je sais que ce que je sais faire de mieux, c'est la chanson. Mais tenter un nouveau truc ne me fera pas de mal. Et depuis que je suis gosse, j'ai toujours aimé ce programme et je n'ai jamais économisé mes commentaires auprès de ma famille. Donc c'est exactement pareil, sauf que ma famille s'est un peu élargie, elle fait 60 millions de personnes. Et comme France 2 est captée à l'étranger...
Car le public français ne peut pas voter pour la France !
Oui, et ce matin sur Fun Radio, on a proposé de créer un bloc de l'Europe de l'ouest. On commence par un bloc franco-belge, on va essayer de vote l'un pour l'autre, et on verra si l'année prochaine on arrive à faire rejoindre les Suisses, les Allemands... Peut-être que le Big Five deviendra un bloc !
C'est impossible de gagner sans bloc ?
A mon avis, une victoire sera très difficile à obtenir tant qu'on n'aura pas un bloc. J'en ai un peu mal au ventre. Mais c'est un problème que l'on peut résoudre : soit en annulant tous les blocs qui existent, mais ça ce n'est pas demain la veille. Soit en essayant de se réveiller et en faisant une alliance. On a tellement de points communs avec les pays voisins. Ca serait dommage de passer à côté ! Et le Big Five a clairement un désavantage par rapport aux autres pays qui chantent. Ils ne connaissent pas le stress des demi-finales, sont moins entraînés à chanter dans ces conditions. Il y a aussi un côté un peu mal vu, on nous dit qu'on est mieux traité parce qu'on donne plus d'argent. Et j'ai envie de dire que c'est légitime, il faut bien le faire vivre ce concours ! D'un autre côté, pour contrer ceux qui se plaignent du fait qu'on est "privilégié", je pense que ça serait pas mal de créer un bloc.
Tu as pu découvrir la prestation d'Alma pour la première fois en entier hier soir. Qu'en penses-tu ?
Je suis encore plus convaincu ! Pour moi, il n'y a pas de mise en scène parfaite dans l'absolu. Il y a des mises en scène qui mettent une claque, mais ce ne sont pas forcément les plus grandioses. Il faut surtout l'adapter à l'artiste et à la chanson. Un artiste extravagant avec une mise en scène sobre ou l'inverse, ça ne fonctionne pas et ça n'émeut pas. Chez Alma, ce n'est peut-être pas la mise en scène la plus pyrotechnique de toutes, mais on voit qu'on a du Alma à 100%. Alma représente pour moi la femme fatale française par excellence, et tout ça est mis en exergue dans sa mise en scène, qui est de très bon goût. Aujourd'hui, j'y crois encore plus.
Que penses-tu du niveau des chansons cette année ? On est moins surpris que l'an dernier...
J'ai fait une écoute aveugle de toutes les chansons, pour ne pas être influencé par le visuel, les artistes etc. Je voulais juger sur la musique, et j'avoue qu'en effet j'ai été moins souvent surpris ou bluffé que dans mon année. Mais est-ce que c'est parce que c'était une première écoute, que je suis moins familiarisé ? Peut-être qu'il y a eu une évolution musicale vers quelque chose de plus lisse ? Peut-être que les pays ont eu plus peur de prendre des risques ? Ou peut-être qu'à la troisième ou quatrième écoute, je vais craquer pour des titres ! En tout cas, il est clair pour moi qu'Alma fait partie de la crème de la crème. Du coup, c'est un avantage pour elle et pour les autres bons titres !