Le plus gros projet depuis longtemps. Ce soir, à 21h05, TF1 donne le coup d'envoi du "Bazar de la Charité", sa série historique et en costumes à gros budget, portée par Audrey Fleurot, Julie de Bona et Camille Lou, accompagnées notamment de Josiane Balasko, Stéphane Guillon ou encore Victor Meutelet. Puis, jeudi, la Une lancera la saison 2 de "Balthazar", nouveauté la plus suivie de la saison dernière, emmenée par Tomer Sisley et Hélène de Fougerolles. A cette occasion, puremedias.com s'est entretenu avec Anne Viau, directrice artistique de la fiction de TF1.
Propos recueillis par Kevin Boucher.
puremedias.com : "Le Bazar de la Charité" est l'une des fictions les plus chères de TF1 ces dernières années. Cela met-il la pression ?
Anne Viau : C'est un magnifique projet, extrêmement ambitieux tant sur le plan éditorial que sur la production donc nous avons évidemment envie qu'il ait le plus bel accueil possible.
Concrètement, à quelle audience seriez-vous satisfaite ?
Je ne suis pas une femme de chiffres mais aussi extrêmement superstitieuse donc nous espérons le meilleur pour cette fiction qui le mérite.
La série historique en costumes est un genre compliqué. TF1 avait connu un échec en 2014 avec "Résistance". Qu'est-ce qui pourrait faire, selon vous, que les téléspectateurs viennent voir "Le Bazar de la Charité" ?
C'est un genre très apprécié, qui était très réclamé et qui a fait les grandes heures de TF1 avec "Le Comte de Monte-Cristo" notamment. Avec "Le Bazar de la Charité", le pari était de faire une fiction profondément moderne avec des personnages en proie à des problématiques qui ont une résonance actuelle. Nous avons travaillé sur trois destins de femmes qui nous ressemblent. Et il y a beaucoup de parallèles avec notre époque : le début du féminisme, la terreur des attentats anarchistes, un climat social très tendu avec des mouvements populaires en pleine émergence... C'est aussi cela qui nous a séduit et nous a donné le sentiment que nous pouvions plaire au plus grand nombre. Enfin, c'est une production extrêmement audacieuse, avec un casting 5 étoiles : Audrey Fleurot, Julie de Bona, Camille Lou, Josiane Balasko, Gilbert Melki, Antoine Duléry... et une très belle alliance avec Iris Bucher, à qui nous devions déjà "Le Secret d'Elise", et Alexandre Laurent ("Profilage", "Falco", "La Mante"...). Tous les ingrédients sont réunis pour un très beau succès.
"Le pari était de faire une fiction en 1897 et de faire oublier le costume"
C'était le deal de départ, de faire une série historique en costumes tout en réussissant presque à faire oublier le côté historique ?
Complètement. Le pari était de faire une fiction en 1897, qui part de cet incendie tragique qui a marqué les esprits de l'époque autant qu'un Bataclan aujourd'hui, et de faire oublier le costume. Nous avons beaucoup travaillé sur la modernité de la facture de la série, de la direction artistique, de la musique, des dialogues qu'on voulait au plus près d'aujourd'hui. Nous avons aussi travaillé sur les costumes qui sont d'époque mais dont on a déboutonné les corsages par exemple. Le costume ne devait pas être une barrière. Idem pour les destins de nos trois héroïnes, avec un travail sur le genre, notamment concernant le personnage joué par Julie de Bona.
Il s'agit d'un partenariat avec Netflix. Quand est-il arrivé dans le projet ?
Il est intervenu pendant la préparation mais ils ne sont pas intervenus sur l'éditorial.
Ils ont donc juste récupéré les droits post-replay ?
Nous avons scellé une alliance inédite où ils ont en effet récupéré les droits post-replay, nous en sommes très heureux. Je crois que notre collaboration a été vertueuse des deux côtés.
Quel budget a été apporté par Netflix ?
C'est assez conséquent, à la hauteur de l'ambition de ce projet. (Sourire)
Cela vous a apporté plus de libertés ?
Soyons clairs : partenariat ou non, nous aurions produit "Le Bazar de la Charité" parce que nous y croyions beaucoup. Après, évidemment, ce partenariat nous a apporté un confort dans la production et nous a permis d'être à la hauteur de toutes nos exigences. Et ce qu'il y a de très fort avec ce partenariat, c'est que c'est vraiment gagnant-gagnant puisque "Le Bazar de la Charité" pourra rayonner à l'international et permettre aux téléspectateurs étrangers de découvrir le meilleur du savoir-faire français, via Netflix.
C'est un partenariat que vous pourriez renouveler, avec Netflix ou un autre acteur de la SVOD, sur d'autres fictions ?
Oui. Nous étudierons les situations au cas par cas en fonction des projets que nous développerons ou recevrons.
"Un 'Coup de foudre...' entre deux hommes ou deux femmes est tout à fait envisageable"
"Le Bazar de la Charité" s'installe le lundi, dans une case où se sont enchaîné les unitaires, parfois avec grand succès ("Le premier oublié", "La part du soupçon") mais d'autres fois non ("Itinéraire d'une maman braqueuse"). L'enchaînement ne tue-t-il pas un peu l'événement ?
La fiction française de TF1 va très bien et réunit plus de 5 millions de français en moyenne. Concernant "Itinéraire d'une maman braqueuse", c'est un film dont nous sommes extrêmement fiers à TF1 et que je trouve très réussi, faisant écho à beaucoup de situations de femmes en France, très bien réalisé et très bien interprété par Cécile Rebboah, qui a reçu le prix d'interprétation au festival de La Rochelle pour cette fiction. Sur l'enchaînement, je considère que tous sont des événements puisque l'écrasante majorité fonctionne et le public est au rendez-vous. Ce que je constate surtout, c'est que nous avons proposé au public plus de dix nouveautés d'un très bon niveau artistique depuis septembre sur nos deux cases de fiction française.
Il y a aussi eu deux nouveaux épisodes de la collection "Coup de foudre". Est-elle amenée à se poursuivre ?
Bien sûr ! Nous tournons "Coup de foudre à l'Île Maurice", produit par Beaubourg et porté par Hélène de Fougerolles, le jeune et prometteur Loyan Vier de Pons, Arielle Dombasle, Marysole Fertard, Terence Telle... Il raconte l'histoire d'une femme de 45 ans, mère d'une fille de 20 ans, qui tombe amoureuse d'un jeune garçon de l'âge de sa fille. Par ailleurs, nous avons décidé l'année dernière, d'ouvrir la collection aux autres producteurs puisque Big Bang ne pouvait en produire que deux par an maximum alors que nous souhaitons accélérer la vitesse de croisière.
Et un "Coup de foudre..." entre deux hommes ou deux femmes est envisageable ?
Tout à fait. Pourquoi en serait-il autrement ?
C'est dans les tuyaux ou c'est une volonté ?
Vous n'êtes pas la première personne à nous en parler. Nous y réfléchissons mais n'avons pas encore reçu de projet précis.
"'Olivia' n'est clairement pas une déception"
Sur la case du jeudi, "Pour Sarah" et "Le temps est assassin" ont bien fonctionné tandis qu'"Olivia" a connu un succès plus mitigé, avec des critiques assassines. Peut-on encore avoir ce genre de série, sans grande originalité, en 2019-2020 sur TF1 ?
La force de la fiction de TF1 est d'avoir une offre extrêmement variée, pour tous les goûts et les publics, qui va de "Camping Paradis", "Joséphine, ange gardien" et "Olivia" au "Bazar de la Charité", "La Mante", "Pour Sarah", "La part du soupçon". Sur "Olivia", avec plus de 4 millions de téléspectateurs et 23% sur les FRDA-50 à J+7, avec une stabilité parfaite, ce n'est clairement pas une déception. Et Laëtitia Milot est une comédienne adorée des Français.
Vous partez sur une saison 2 ?
Pour le moment, rien n'est décidé. Nous en discutons avec Laëtitia et le producteur.
Les derniers épisodes de "Joséphine, ange gardien" et "Camping Paradis" ont aussi connu des audiences décevantes. Une réflexion est-elle en cours sur ces franchises ?
Ce sont des fictions extrêmement importantes pour le groupe TF1 et qui sont dans le coeur des téléspectateurs depuis de nombreuses années. Il faut regarder les audiences dans leur globalité, sur TF1, à J+7 et les très belles performances que ces séries offrent à nos chaînes TNT. Le bilan est plus que positif.
Leur arrêt n'est pas envisagé ?
Non. Nous sommes en plein tournage d'un "Camping Paradis" avec Sandrine Quétier par exemple.
"Nous allons nous emparer de 'This Is Us' pour en faire une histoire profondément française"
Outre "Le Bazar de la Charité", vous lancez la saison 2 de "Balthazar" ce jeudi. C'est votre nouvelle poule aux oeufs d'or ?
"Balthazar", c'est la rencontre entre un comédien et un personnage, une alchimie parfaite. Tomer Sisley s'est emparé de ce personnage d'une manière incroyable. Nous sommes extrêmement contents de cette saison 2, avec une inventivité folle. Et c'est une série où nous avons l'impression que tout le monde s'amuse beaucoup : les auteurs, les metteurs en scène, les comédiens... Cela donne des épisodes pleins de folie, qui nous emmènent dans des univers incroyables, portés par deux excellents comédiens : Hélène de Fougerolles et Tomer Sisley.
Tomer Sisley a annoncé qu'il travaillait sur une autre série pour TF1. C'est déjà signé ?
Effectivement, nous travaillons avec lui sur une autre série, qui est pour le moment au tout début de son développement.
Autre série : "Profilage", avec l'arrivée de Shy'm qui succède à Juliette Roudet. Ce choix peut surprendre.
Le producteur, Stéphane Marsil, qui a découvert Odile Vuillemin et Juliette Roudet, produit "Falco" et "Balthazar", est venu avec cette proposition et des essais. Et nous avons été scotchés par les essais de Shy'm, ou plutôt Tamara Marthe de son vrai nom qui sera utilisé à l'écran. Elle était naturelle, extrêmement juste et a fait une vraie proposition de personnage. Elle risque de surprendre puisque son rôle sera assez différent d'Odile et Juliette. Elle joue une arnaqueuse, qui se fait passer pour une psycho-criminologue.
On dit qu'elle a signé pour plusieurs saisons. Vous confirmez ?
A priori, quand nous partons en tournage sur une série avec un comédien, nous espérons qu'il va rester un moment avec nous. (Sourire)
Vous travaillez à une adaptation de "This Is Us" qui, en France, n'a fonctionné ni sur Canal+, ni sur 6ter.
"This Is Us" est LA série idéale pour être adaptée et exportée. A la base, elle est profondément américaine, puisqu'elle raconte au travers d'une famille les 30-40 dernières années américaines, avec des codes américains qui parlent aux téléspectateurs américains. Nous, nous allons nous en emparer pour en faire une histoire profondément française, avec les problématiques de notre société française depuis les 30 ou 40 dernières années. Nous démarrerons le soir de l'élection de François Mitterrand, nous parlerons de "Touche pas à mon pote", du SIDA... Nous y croyons beaucoup.
C'est donc une libre adaptation ?
Nous reprenons l'histoire des faux triplés et des parents, dans les grandes lignes, avec beaucoup d'adaptation. Et nous passons de 24 épisodes à 12.
Jenifer a annoncé qu'elle n'en serait pas. Qui sera finalement à l'affiche ?
Nous sommes en plein casting. Rien n'est signé pour le moment mais nous avons de très belles pistes.
"Michel Cymes ne sera pas dans 'H24'"
Vous allez aussi lancer "H24", une série sur le quotidien des infirmières.
Elle est tournée. J'ai vu les deux premiers épisodes la semaine dernière ! Ce qui nous a séduit, c'est le fait de raconter l'hôpital de ce point de vue féminin. Florence Coste, Frédérique Bel, Anne Parillaud et Barbara Cabrita campent ces héroïnes, avec nombreux invités comme Fauve Hautot, Michel Jonasz et Antoine Duléry...
Michel Cymes avait annoncé en faire partie. Mais selon nos informations, il n'est pas dans la liste définitive.
Michel Cymes ne sera pas dans "H24".
Vous travaillez aussi à une adaptation de la série canadienne "Fugueuse". Où en êtes-vous ?
Nous sommes en plein développement, en pleine écriture. C'est une série à laquelle je crois beaucoup. Le sujet est extrêmement fort, extrêmement préoccupant. Nous parlons notamment au public jeune avec cette série puisque nous parlons de la sexualité chez les adolescents, de la pornographie, de la folie des réseaux sociaux qui peuvent briser une réputation du jour au lendemain, du rapport parents-enfants... Et nous racontons aussi la descente aux enfers, par amour, d'une jeune fille pour qui tout allait bien, sans glisser dans le sordide.
"Fugueuse" sera une mini-série. C'est le nouvel eldorado ?
Ce que j'aime beaucoup avec la mini-série, c'est qu'elles permettent le développement des personnages au long cours, d'assumer complètement le feuilletonnement des histoires, d'avoir un casting très riche, très éclectique et très inédit. Et je crois surtout que le public l'affectionne énormément. Mais nous travaillons autant sur le développement de nouvelles séries.
"Nous avons aussi décidé de faire une saison plus ramassée pour 'Section de recherches'"
Justement, parmi les séries au long cours, TF1 diffuse "Alice Nevers" et "Section de recherches", deux séries qui fonctionnent sur l'ensemble du public mais ne brillent pas forcément sur cibles. Comment comptez-vous les "ménagériser" ?
Nous travaillons constamment à la modernisation des franchises. Pour "Section de recherches", nous accueillons cette saison une nouvelle gendarme en la personne de Fabienne Carat. Nous avons aussi décidé de faire une saison plus ramassée, de huit épisodes, avec un fil rouge très fort. Quant à "Alice Nevers", la saison sera marquée par le retour d'Alexandre Varga, qui a été le grand amour d'Alice.
La rumeur d'un deuxième feuilleton quotidien circule. Il pourrait s'agir d'un spin-off de "Demain nous appartient". Confirmez-vous ?
Déjà, je suis extrêmement heureuse et fier du succès de "Demain nous appartient". Quand nous l'avons lancé, beaucoup nous disaient perdants et, au final, nous réunissons plus de 4 millions de téléspectateurs à J+7. Nous devons déjà fournir un épisode quotidien, des primes et faire grandir des comédiens comme Clément Rémiens, Solène Hébert, Maud Baecker dans d'autres séries. Très sincèrement, il est vraiment très prématuré de parler d'un spin-off ou d'une quelconque déclinaison, hormis des primes.
Autre spin-off évoqué : celui d'"Une famille formidable". Y pensez-vous ?
Pour le moment, aucun projet de ce type n'est à l'étude chez nous.
Vous travaillez aussi à un biopic sur Grégory Lemarchal. Beaucoup de rumeurs ont déjà circulé, évoquant Clément Rémiens dans le rôle principal. Elles ont été démenties. Avez-vous avancé sur le sujet ?
Ce qui me fait plaisir avec ces rumeurs, c'est que l'on voit que c'est un projet qui suscite déjà beaucoup de curiosité et beaucoup d'attente. Cela me conforte dans l'idée que nous allons faire un magnifique film qui va rencontrer le public. Nous allons bien évidemment parler de la "Star Academy", de la mucoviscidose, de son enfance... En revanche, je ne peux pas encore vous donner le nom du comédien qui jouera Grégory. (Sourire)
A l'étranger, la mode est aux reboots. Envisagez-vous de relancer "Julie Lescaut", "Navarro" ou encore "Dolmen" ?
Pourquoi pas, si on nous propose un bon projet ! Mais pour le moment, nous nous concentrons sur la préparation de beaucoup de nouveautés, de créations originales et de très beaux projets, qu'il s'agisse de "HPI" dont le tournage démarre cette semaine avec Audrey Fleurot et Mehdi Nebbou, du biopic sur Grégory Lemarchal ou du téléfilm sur l'affaire Fourniret...