Quand Yann Barthès écrit à "Valeurs actuelles". Le 21 novembre dernier, l'hebdomadaire consacrait sa Une intitulée "La tyrannie des bien-pensants" et un dossier critique de 12 pages à l'émission de TMC "Quotidien". En réaction, l'équipe du talk-show avait diffusé la veille de la parution un lien Wetransfer pour permettre aux internautes de télécharger gratuitement l'article. "Lisez gratos le dossier bidon qu'il nous consacre dès aujourd'hui", invitait ainsi Yann Barthès sur Instagram permettant potentiellement aux plus de 750.000 abonnés qui suivent "Quotidien" sur ce réseau social de pouvoir lire le dossier sans débourser un centime.
Par la voix de son directeur de la rédaction Geoffroy Lejeune, "Valeurs actuelles" avait fait part sur Twitter de son indignation face à cet acte qualifié de "parfaitement illégal" et "parfaitement scandaleux". Le lendemain, l'hebdomadaire avait annoncé sur Facebook cette fois son intention d'"engager une procédure judiciaire" contre "Quotidien" "face à la grave atteinte aux droits d'auteur (...) pour faire condamner les auteurs de ces agissements". Le lien Wetransfer avait fini par être supprimé et Yann Barthès avait répondu sur TMC aux critiques de "Valeurs actuelles" contre son émission.
Un mois plus tard, ce samedi dans un billet intitulé "Jeu, set et match" publié sur le site de son hebdomadaire, Geoffroy Lejeune a donné des nouvelles de cette affaire à ses lecteurs. Où l'on apprend que Yann Barthès a adressé une lettre au journal par l'intermédiaire de ses avocats pour proposer un arrangement à l'amiable face à la perspective de poursuites. "En tout état de cause, puisque vous évoquez une indemnisation, nous vous proposons de verser la somme de 5.000 euros à une association de défense des journalistes telle que RSF ou d'autres, la déontologie et la confraternité guidant bien entendu cette proposition", propose la missive dont "Valeurs actuelles" cite plusieurs extraits.
Le journal précise avoir fait parvenir une mise en demeure à Bangumi, la société de production de "Quotidien", "pour exiger réparation après son acte de sabotage numérique", ce qui a sans doute motivé cette réponse. "Disons qu'entre le premier message diffusé sur les réseaux sociaux (invitant à télécharger le dossier gratuitement, ndlr) et cette doucereuse et discrète tentative de conciliation, il y a un changement de ton très bienvenu. A quoi peut-il être dû ? Esprit chrétien ? Magie de Noël ? Ou bien la peur, peut-être ?", se délecte Geoffroy Lejeune dans sa lettre ouverte adressée à l'animateur.
Il lui reproche d'avoir inventé le "piratage industriel confraternel" en mettant en ligne gratuitement ces 12 pages, "avec pour but avoué de saborder économiquement notre journal". Mais selon le responsable de "Valeurs actuelles", cette stratégie a eu l'effet inverse. "Nous réalisons la deuxième meilleure vente de l'année avec ce numéro, seule l'interview d'Emmanuel Macron a fait mieux, il faut croire qu'il est un petit peu plus bankable que vous", salue d'un ton mordant celui qui remercie ses lecteurs pour leur mobilisation.
Dans ce long billet, l'éditorialiste en profite également pour se livrer à une nouvelle attaque en règle de Yann Barthès - qualifié de "marquis des écrans" - et de son équipe en multipliant les exemples. "Vous noterez que nous critiquons vos méthodes, votre idéologie et votre arrogance, ce qui est légèrement plus ambitieux et moins dénigrant que de traiter systématiquement son adversaire de 'journal d'extrême-droite', sans argumenter, jamais", pointe Geoffroy Lejeune.
Et ce n'est pas la seule banderille plantée par le directeur de la rédaction, qui savoure pleinement sa victoire : "Pour une fois, vous avez perdu. C'est une première, il y en aura d'autres. C'est dur, ça pique un peu, mais habituez-vous. Votre système s'essouffle", affirme-t-il, en invitant l'animateur à "garder (son) fric". "Nous ne poursuivrons pas notre action en justice parce que preuve a déjà été apportée publiquement de votre culpabilité, et que nous ne tirerions aucune gloire à vous faire cracher une quelconque somme", conclut en substance Geoffroy Lejeune.