La vague terroriste ayant frappé la France a été l'occasion pour de nombreux filous de faire de l'argent à bon compte. La semaine dernière, le "Petit Journal" montrait le marché aux images amateurs s'étant improvisé à Saint-Denis après l'assaut du RAID du mercredi 18 novembre. On pouvait y voir des journalistes du monde entier négocier des vidéos ou des photos amateurs pour des sommes parfois astronomiques.
Le lendemain de la diffusion de ce sujet, les équipes de Yann Barthès ont reçu un coup de téléphone de Djaffer Ait Aoudia. Ce journaliste a assisté et filmé en caméra cachée samedi 14 novembre une négociation financière entre des journalistes anglais et le patron du Casa Nostra, l'un des restaurants visés par les attaques. Alors qu'il réalisait un portrait vidéo du patron de cette pizzeria, Djaffer Ait Aoudia a vu débarquer des journalistes du "Daily Mail" venus négocier des images de la vidéosurveillance du soir de la fusillade.
Dans une première séquence tournée dans la cave, on peut voir que le journaliste du "Daily Mail" montre son intérêt pour la vidéo sur laquelle on aperçoit clairement le terroriste tirer à l'aveugle sur les personnes présentes en terrasse. Mais la police a crypté les images de la vidéo protégée par le secret de l'instruction. Qu'à cela ne tienne, le patron de la pizzeria propose les services d'un ami hacker pour la déverrouiller. Une fois la séquence débloquée, un deuxième problème de taille se présente : comment faire parvenir l'importante somme d'argent jusqu'en France. La première transaction "bloque le système" selon Djaffer Ait Aoudia. Sept personnes sont finalement nécessaires pour réaliser le transfert qui s'est étalé sur près de 12 heures.
Djaffer Ait Aoudia explique que les journalistes anglais lui ont fait confiance car ils les avaient rencontrés la veille. "Je faisais partie du paysage. J'étais posé là comme un meuble", confie-t-il. Quant au patron de Casa Nostra, Djaffer Ait Aoudia explique qu'il avait établi "une proximité" avec lui. "On est kabyles tous les deux".
La dernière image rapportée par Djaffer Ait Aoudia montre cette fois un proche du patron du Casa Nostra en train de compter les liasses de billets. Au final, le "Daily Mail" aurait acheté ces images 50.000 euros alors que la négociation avait commencé à 12.000 euros. En échange, le patron du restaurant aurait cassé le disque dur contenant la vidéo pour assurer l'exclusivité au journal anglais. "Il va falloir réfléchir à deux fois avant de diffuser ce genre d'images. Elles faisaient partie jusqu'à leur publication du secret de l'instruction", souligne Djaffer Ait Aoudia en conclusion.
Si l'achat d'information est contraire au code de déontologie des journalistes, il est cependant une pratique courante, particulièrement lors de ce genre d'évènements dramatiques. puremedias.com vous propose de revoir la séquence du "Petit Journal" à partir de 16'15.