Deux mois après sa nomination au sein du gouvernement Ayrault, la nouvelle ministre de la Culture Aurélie Filippetti multiplie les annonces sur d'éventuelles réformes du milieu audiovisuel français. Après avoir évoqué une application de la redevance télé aux écrans d'ordinateurs, rapidement démentie, elle s'exprimait hier devant la commission des affaires culturelles du Sénat. Une intervention au cours de laquelle elle a déclaré réfléchir au retour de la publicité sur France Télévisions après 20h, rapporte Le Monde.
Alors que le gouvernement affirmait récemment que cette option n'était pas d'actualité, Aurélie Filippetti a déclaré que le financement de l'audiovisuel public devait être appréhendé "sans tabou". "Il faut envisager toutes les solutions", a affirmé la ministre expliquant qu'"il y a évidemment la question du retour de la publicité ou non après 20 heures". "La suppression brutale de la publicité après 20 heures a déstabilisé le système et les compensations budgétaires qui ont été prévues ont emmené un léger sous-financement de France Télévisions", a-t-elle expliqué.
Si le gouvernement de François Fillon avait évoqué la suppression totale de la publicité sur les chaînes publiques en 2016, Aurélie Filippetti a considéré que cette réforme ne pourrait pas aboutir "en l'état actuel des finances publiques". Afin de compenser la perte des recettes publicitaires engagées par la suppression de la publicité après 20h sur France Télévisions, la loi sur l'audiovisuel public de 2009 avait imposé aux opérateurs de téléphonie mobile une taxe de 0,9% sur leurs chiffres d'affaires. Mais cette taxe pourrait être remise en cause par la Commission européenne, suite à une procédure engagée par les opérateurs.
Face à une érosion des recettes publicitaires des chaînes privées, les patrons ne cessent d'exprimer leur inquiétude en cas de retour de la publicité sur la télévision publique. Nonce Paolini (TF1) a en effet récemment déclaré que la priorité du service public ne devait pas être "d'augmenter ses ressources mais de limiter ses dépenses". Dans un entretien accordé à puremedias.com, Nicolas de Tavernost avait quant à lui déploré que les chaînes privées soient les seules "sous la contrainte d'un marché qui déprime pendant que France Télévisions voit année après année une croissance de ses recettes garantie".