Il y avait peut-être un message subliminal dans le choix du lieu par BFMTV pour sa conférence de presse de rentrée, le "Cristal Room" à Paris. Le décor, étincelant, rappelle qu'une petite chaîne brille encore dans ce vieux monde moribond des médias. Quand TF1 voit son audience s'effriter mois après mois, M6 fait la chasse aux coûts et France Télévisions cherche de nouvelles sources de financement, la petite chaîne d'information va bien. Plus que bien même, au regard des chiffres avancés par les patrons : 10 millions de téléspectateurs chaque jour, 270 collaborateurs dont 170 journalistes, le double de l'audience de la concurrente i-Télé, deuxième matinale de France, leader sur les CSP+. Alain Weill, patron du groupe, n'hésite pas à parler de "consécration" pour 2012 et désigne 2013 comme année de la "maturité".
La crise, quelle crise ? "Les acteurs historiques ne se portent pas si mal. Les difficultés sont souvent intrinsèques à une chaîne. Si le JT de France 2 est passé devant celui de TF1 cet été, ce n'est pas la faute à la TNT !" analyse Weill. Comprenez qu'avant de taper sur le nouvel environnement concurrentiel, TF1 ferait mieux de balayer devant ses studios. Car il existerait plusieurs remèdes à la crise traversée par le secteur selon lui, comme "l'innovation et l'initiative". "On peut se réveiller tous les matins inquiets ou optimistes. On ne va pas vivre éternellement inquiets ! Nous sommes optimistes et ambitieux à BFM TV" poursuit-il. Weill voit grand pour sa chaîne, qui fédère entre 1,8 et 2,1% des téléspectateurs depuis cinq mois. Il n'hésite plus à se comparer à la très grande CNN - pourtant 3ème aux USA, "qui a une moyenne de 400.000 téléspectateurs par quart d'heure quand BFM TV est à 200.000".
Partie de rien en 2005, BFMTV ne rougit plus. Le direct et le marketing éditorial, raillées par ses consoeurs à ses débuts, sont devenus sa force. "Le temps où on ne nous prenait pas au sérieux, c'est fini. Sur une conférence de presse par exemple, on attend désormais que BFM TV soit là pour démarrer" raconte un journaliste. Après une année de "consolidation financière", la chaîne promet désormais d'investir. Ca passera par la création d'un nouveau magazine de reportages, chaque samedi entre 18 et 20 heures. Ou l'ouverture d'un nouveau bureau aux Etats-Unis quand "d'autres en ferment".
Mais la continuité reste le maître-mot de cette rentrée, les changements n'étant opérés qu'à la marge. On ne change pas une équipe qui gagne, "quand notre concurrente bouleverse une nouvelle fois sa grille de fond en comble" note Hervé Béroud, directeur de la rédaction. En 2012, sept ans après sa création, BFM TV ne connaît pas la crise mais n'a pas encore l'insolence du leader. "Rien n'est acquis, c'est fragile, tout peut se renverser très vite" tempère Christophe Delay, matinalier de la "Première Edition".