Catherine Nayl se fait funambule. Invitée ce matin de France Inter, la directrice de l'information du groupe TF1 est notamment revenue sur l'organisation polémique du débat d'entre-deux-tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Celle-ci avait été marquée par la récusation d'Anne-Claire Coudray sur demande du Front national, lors d'une réunion préparatoire au Conseil supérieur de l'audiovisuel, mardi 25 avril.
Pas commentée par TF1 à l'époque, l'éviction de sa présentatrice avait été confirmée en direct par Emmanuel Macron lors du débat du 3 mai dernier, devant une Marine Le Pen restée coite. Ni elle, ni ses proches n'ont d'ailleurs jamais démenti cette information, Florian Philippot se contentant d'affirmer sur Twitter qu'Emmanuel Macron avait fait de même avec deux autres journalistes.
Visiblement seule à bien se souvenir de la réunion du 25 avril, Catherine Nayl a donné une version surprenante des évènements. Interrogée par Sonia Devillers, elle s'est ainsi lancée dans une longue explication alambiquée, après avoir affirmé que "cela ne s'est pas passé comme ça". "Le point a porté sur la parité. Nous avions proposé avec Michel Field (son homologue de France Télévisions, ndlr) Gilles Bouleau et David Pujadas. Un candidat (Emmanuel Macron, ndlr) souhaitait qu'il y ait un couple paritaire, appuyé en cela par le CSA. Nous n'avions pas été prévenus avant et nous l'avons découvert lors de cette réunion", a raconté Catherine Nayl.
"Plusieurs noms sont apparus"
Et de poursuivre : "Michel et moi, nous avons commencé à discuter entre nous sur les possibilités, même si ce n'était pas lors de cette réunion qu'il fallait régler le point. Il y a eu plusieurs noms qui sont apparus mais pas forcément pour poser simplement la question aux candidats, plusieurs noms entre nous... Après, nous avions un point : pour moi et pour Michel, il était impossible de faire disparaître soit Gilles Bouleau, soit David Pujadas".
"On pouvait imaginer Gilles Bouleau et Léa Salamé, Anne-Claire Coudray et David Pujadas. Mais ils étaient légitimes tous les deux pour faire ce débat. En enlever un et pas l'autre était compliqué. On a donc choisi de faire les chefs des services politiques de TF1 et France 2, qui fort heureusement, étaient un homme et une femme", a raconté Catherine Nayl, sans répondre à la question de la récusation du Front national.
"Le Front national a effectivement dit : 'Nous avons un problème avec Anne-Claire Coudray'"
Relancée à ce sujet, la patronne de l'info a démenti : "Le Front national n'a pas récusé puisqu'il aurait fallu qu'on propose Anne-Claire Coudray et David Pujadas, ce que nous n'avons pas fait". Avant de sembler se contredire : "En revanche, le Front national a effectivement dit : 'Nous avons un problème avec Anne-Claire Coudray'". Catherine Nayl a ensuite tenté de préciser : "Nous n'avons pas proposé un couple David Pujadas/Anne-Claire Coudray. Nous avons énoncé un certain nombre de noms et effectivement, le Front national a dit qu'il avait un problème avec Anne-Claire Coudray".
Si on tente de résumer la position de Catherine Nayl, le nom d'Anne-Claire Coudray a donc bien été évoqué par les deux chaînes lors de cette réunion préparatoire, et ce dans l'optique de bâtir un nouveau duo d'animation mixte. Cependant, cette évocation s'est faite "entre elles", bien qu'en présence des représentants des candidats. Même si l'option Coudray n'était pas une véritable proposition, cela n'a pas empêché le Front national d'affirmer d'emblée qu'il avait "un problème" avec elle. Cette dernière n'a, in fine, pas été choisie pour animer le débat. En d'autres termes, Anne-Claire Coudray a bien été récusée par le Front national.