Une femme, mais pas n'importe laquelle. La semaine en cours est marquée par le pataquès autour du casting d'animateurs choisi pour mener le très attendu débat d'entre-deux-tours entre Emmanuel Macron et Marine Le Pen. Prévu le mercredi 3 mai prochain, ce dernier devait initialement être animé par le duo Gilles Bouleau-David Pujadas. Annoncé dans les grilles de programmes dès le 10 avril dernier, ce duo n'avait à l'époque provoqué aucune réaction particulière. Mais lors d'une réunion mardi au siège du CSA, superviseur de la soirée, cette double présence masculine a brusquement posé problème.
A l'occasion de cette rencontre, l'équipe d'Emmanuel Macron et les représentants du CSA ont ainsi souligné la nécessité d'avoir une animation paritaire du débat. Embarrassées, les chaînes ont alors tenté de trouver une solution de rechange. Catherine Nayl, directrice de l'information de TF1, a fini par sortir de son chapeau le nom d'Anne-Claire Coudray. La présentatrice du 20 Heures week-end de la Une apparaissait comme la remplaçante naturelle de Gilles Bouleau avec qui elle a animé toutes les soirées politiques de la campagne. C'était sans compter sur l'opposition immédiate de Florian Philippot, représentant avec David Rachline les intérêts de Marine Le Pen lors de cette réunion. "C'est hors de question ! Tout mais pas elle !", a ainsi tonné le vice-président du FN. Comme de nombreux journalistes et médias, Anne-Claire Coudray est en effet accusée par le Front national de rouler pour Emmanuel Macron.
Si la récusation d'Anne-Claire Coudray peut surprendre, la réaction ou plutôt l'absence de réaction de TF1 et du CSA ne manque pas non plus d'interroger. En effet, ni la chaîne ni le régulateur, pourtant chargé par la loi de 1986 de garantir "l'indépendance de l'information", n'ont visiblement cru bon de tenir tête aux représentants du FN. "Ils n'ont absolument pas discuté. C'était surprenant", témoigne d'ailleurs un participant à la réunion. Ce silence assourdissant apparaît d'autant plus discutable qu'on imagine mal Marine Le Pen refuser de participer à un débat crucial pour elle, au seul motif qu'une de ses incarnations lui déplairait.
Contacté par puremedias.com, TF1 n'a pas souhaité faire de commentaire sur une réunion couverte par un accord de confidentialité. Egalement jointe, Sylvie Pierre-Brossolette, membre du CSA en charge du pluralisme, explique que la désignation des journalistes n'est pas du ressort du régulateur de l'audiovisuel. "Nous sommes médiateurs, facilitateurs et bons offices dans cette histoire. Nous ne sommes pas décisionnaires", explique cette ancienne journaliste ayant assisté à la réunion de mardi. "Notre seul souci était de poser la question de la parité, ce que nous avons fait", ajoute-elle lorsqu'on l'interroge sur le silence du CSA suite au véto de Florian Philippot. "Après, on ne peut pas se substituer aux acteurs. Ce n'est pas notre travail de désigner les journalistes qui vont animer ce débat. C'est une affaire privée entre les chaînes et les équipes des candidats".
Contactée, la direction de campagne de Marine Le Pen n'a pour sa part pas souhaité évoquer les propos échangés lors de cette réunion. "Il y a eu un désaccord. Une nouvelle proposition a été faite sur laquelle nous nous sommes mis d'accord", a-t-elle simplement indiqué. Mardi, chaînes et équipes des candidats ont donc quitté la réunion sans avoir décidé du ticket qui allait animer le débat.
Se sont alors engagées d'intenses tractations entre des chaînes qui cherchaient à avoir un parallélisme parfait dans les profils sélectionnés. Exit donc des duos hybrides comme Gilles Bouleau/Léa Salamé par exemple. A également été abandonnée l'hypothèse d'un duo Audrey Crespo-Mara/Julian Bugier, la première étant jugée comme ne bénéficiant pas encore de la même identification que le deuxième. TF1 et France 2 ont finalement validé hier en fin de matinée la constitution d'un tandem inédit formé par les chefs de service politique des deux chaînes : Christophe Jakubyszyn et Nathalie Saint-Cricq. Le plus petit dénominateur commun...