Une remise à plat. Telle semble être la volonté de Canal+ concernant ses obligations en matière de financement du cinéma. Interrogé jeudi par Le Film Français, Maxime Saada, directeur général du groupe audiovisuel privé, a fait savoir qu'il ne comptait pas diminuer sa contribution annuelle au cinéma français, estimée à près de 200 millions d'euros par an.
Canal+ veut en revanche en revoir ses modalités de calcul. Comme l'explique Le Figaro, l'accord passé en mai 2015 par l'ancienne direction reposait sur un système de financement mixte : soit 12,5% du chiffre d'affaires y était consacré, soit un minimum garanti d'environ 3 euros par mois et par abonné. A chaque fois, c'est la formule la plus avantageuse pour le cinéma qui s'appliquait.
Problème, Canal+ prévoit à moyen terme une érosion de son chiffre d'affaires, qui devrait être en repli de 18 millions d'euros cette année. A cette baisse s'ajoute en revanche une prévision d'augmentation conséquente de son parc abonnés, tiré par ses nouvelles offres dévoilées le 13 octobre dernier. Canal+ devrait cependant tirer un revenu moindre de ses nouveaux abonnés puisque certaines de ses nouvelles offres, qualifiées de "socle", ne coûteront que 20 euros, contre une offre unique et complète à près de 40 euros auparavant. L'application du minimum garanti par abonné pourrait donc lui être défavorable.
"Nous allons engager des discussions avec le CNC afin de donner les garanties nécessaires et revoir les modalités de calcul, en allouant une valeur à Canal+ Sport, Séries, Cinéma et Family", les bouquets thématiques complémentaires de Canal+ présentés début octobre, a précisé Maxime Saada au Film Français.
Le directeur général de Canal+ veut aussi revoir la chronologie des médias afin que la chaîne puisse diffuser des films 6 mois seulement après leurs sortie en salles, au lieu de 10 mois aujourd'hui. Le groupe justifie cette demande pour lutter contre le piratage des films et pour mieux les promouvoir. Canal+ demande que cette réforme ne bénéficie qu'aux opérateurs dit "vertueux", c'est-à-dire ceux qui payent des impôts en France et qui contribuent au financement de la création. Dans le viseur du groupe, deux de ses nouveaux rivaux : Netflix ou Amazon.