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Christophe Delay et Pascale de la Tour du Pin ("Première Édition") : "Notre objectif ? Dépasser 'Télématin'"
Publié le 10 mars 2017 à 16:47
Par Pierre Dezeraud
Alors qu'ils viennent de fêter leur 1500e matinale ensemble sur BFMTV, puremedias.com a rencontré les animateurs de "Première Édition".
Christophe Delay et Pascale de La Tour du Pin Christophe Delay et Pascale de La Tour du Pin© BFMTV
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Déjà sept ans qu'ils réveillent chaque matin les téléspectateurs de BFMTV. Cette semaine, Pascale de la Tour du Pin et Christophe Delay ont fêté leur 1500e collaboration à la tête de "Première édition", la matinale de la première chaîne d'information de France. Une longévité remarquable pour un tandem désormais bien rodé, qui attire de nombreux téléspectateurs sur le canal 15. Depuis leurs premiers pas ensemble en avril 2010, ils sont parvenus à plus que doubler l'audience de leur case. puremedias.com a rencontré Pascale de la Tour du Pin et Christophe Delay.

Propos recueillis par Pierre Dezeraud.

Vous êtes à l'antenne du lundi au vendredi de 6h à 8h30. Vous avez le même quotidien que des matinaliers de la radio ?
Pascale de la Tour du Pin : Non parce qu'on doit arriver plus tôt à cause du maquillage ! (rires)

Christophe Delay : C'est vrai qu'on travaille comme si c'était en radio. On ne peut pas nier que nos métiers se ressemblent de plus en plus. Aujourd'hui, la technologie fait que nous pouvons avoir la même flexibilité. Et, comme on vient de la radio tous les deux, ça ne nous pose aucun problème, bien au contraire !

À ses débuts, "Première édition" s'était fixé comme objectif de faire venir des gens qui ne consommaient pas la télévision le matin. Le pari est réussi ?
P.T.P : Oui, complètement. Et les chiffres le prouvent !

C.D : La technologie nous a beaucoup aidés. Les écrans sont démultipliés, ce qui n'était pas le cas il y a dix ans. Ça aide ! Les gens peuvent nous regarder d'un peu partout maintenant...

C'est aussi pour ça que vous cultivez une écriture très radio ? Je pense notamment au fait que vous vous passiez de prompteur...
C.D : Totalement ! Depuis le début, on travaille pour que cette télévision du matin puisse uniquement s'écouter. Vous remarquerez que si on s'en tient uniquement au son, on est aussi bien informé qu'à la radio.

"Notre pire souvenir ? Une panne d'électricité en plein direct"

Mardi, pendant votre 1500e, vous avez partagé vos meilleurs souvenirs. Mais une inconnue demeure. Quel est le pire ?
C.D : Un énorme problème électrique ! Le black-out total !

P.T.P : Le générateur électrique ne s'était pas mis en route. En plateau, on voyait les projecteurs et les caméras s'éteindre et on s'est retrouvé dans le noir le plus absolu. On ne voyait absolument plus rien, pas même la porte de sortie ! C'était terrible !

C.D : J'ai un autre souvenir affreux. Pascale n'était pas encore avec moi. C'était au tout début de la chaîne, je venais juste de quitter Europe 1 et tout le monde pensait que j'allais me planter sur cette chaîne dont on moquait les moyens. Un matin, on me dit qu'on ne va pas faire l'émission parce qu'il n'y a pas de pile pour les micros. On a démarré une demi-heure plus tard...

P.T.P : C'était une autre époque... (rires) Mais alors, le noir, c'était quand même sacrément flippant. On était en plein lancement de sujet, il devait être 7h15...

C.D : C'est vrai que c'était l'horreur... J'ai cru que j'allais tuer tout le monde ce jour-là ! Mais à part ça, il n'y a jamais eu de grosses galères...

P.T.P : Enfin, celle-là, c'en était une belle ! Et c'est ce qui s'appelle un grand moment de solitude ! (rires)

Par rapport aux premières années que vous venez d'évoquer Christophe, à l'époque, les matinales des chaînes d'information n'étaient absolument pas prises au sérieux. Vous avez l'impression d'avoir participé à légitimer le genre en France ?
C.D : Notre grande chance, c'est que dans cette maison, on donne du temps au temps. Regardez Jean-Jacques Bourdin, il est là depuis le début. C'est la même chose pour Stéphane Soumier sur BFM Business. Pour répondre à votre question, clairement, oui.

P.T.P : Et puis, il ne faut pas nier la force de l'image. Même dans la matinale de Jean-Jacques Bourdin, on mesure le poids de l'image. C'est lui d'ailleurs qui est juste derrière nous en audience. Ce n'est ni LCI ni CNews...

"Le 20 Heures est une grand-messe qui se meurt"

Ce poids de l'image dont vous parlez, ce n'est pas paradoxal avec l'idée de faire une matinale qui peut juste s'écouter ?
C.D : Non, on offre une possibilité aux gens de tourner la tête quand ils en ont envie. Vous savez, les gens bougent en regardant la matinale. Ils font souvent autre chose en même temps, c'est une situation assez particulière. C'est pour ça que cette matinale était intéressante à construire. Il fallait inventer une écriture en adéquation avec le contexte matinal. Quand on regarde un 20 Heures, grand-messe qui se meurt, on imagine parfaitement les gens assis devant la télé. Nous, nous savons pertinemment que ce n'est pas le cas. On doit interpeller en permanence le téléspectateur, comme à la radio. Ce n'est pas paradoxal, le texte nous permet juste de ramener le téléspectateur vers l'écran.

Vous pensez que le 20 Heures meurt aujourd'hui ?
C.D : Il n'y a qu'à regarder les chiffres. Cela reste un pic d'audience très important mais la tendance est quand même largement à la décroissance.

P.T.P : Et puis, aujourd'hui, les gens sont déjà informés à 20h...

C.D : J'ai toujours l'impression que les 20 Heures sont construits comme si il n'y avait pas de chaînes d'information. Ils font comme si les gens n'avaient pas regardé quelque chose avant, c'est très étonnant.

Les gens viennent chercher un peu de plus de recul sur les sujets dans les 20 Heures...
C.D : On le fait aussi !

"On a tiré des leçons du passé, on écoute nos téléspectateurs"

Oui mais vous faites du hard news, vous n'êtes pas du tout sur le tempo d'un 20 Heures...
C.D : Non, les choses changent. On sait qu'il y a une vraie demande d'éclairage et d'approfondissement de nos téléspectateurs. Alors oui, ils nous attendent sur le hard news mais aujourd'hui, ça ne suffit plus. On a parfaitement conscience qu'il faut intégrer des éléments de profondeur. Et on le fait, notamment avec "7 jours BFM" que l'on récupère le matin, mais aussi des enquêtes plus creusées...

P.T.P : On a tiré des leçons du passé, on écoute nos téléspectateurs. Hervé Béroud, le directeur général de la chaîne, nous pousse à aller plus en profondeur. D'où les formats évoqués par Christophe.

"C'est votre vie", "La pépite", il y a de nombreuses chroniques plus légères dans "Première Édition". Ce sont des respirations dans l'information ?
P.T.P : Oui, il ne faut pas oublier qu'on réveille les gens, d'où l'importance de leur offrir des moments plus conviviaux, moins "hard" et de ne pas les accabler uniquement d'informations souvent tragiques. "Première Édition" n'est pas un robinet à mauvaises nouvelles !

C.D : C'est le bon mot "respiration". Il faut savoir s'inscrire dans la rythmique matinale des gens qui nous regardent.

P.T.P : C'est aussi ce qui nous permet de garder le sourire.

À la rentrée dernière, vous avez un peu été les instigateurs de la folie du canapé sur les plateaux des chaînes d'info...
P.T.P : Ah, la fameuse folie du canapé ! Sérieusement, ça nous permet de dissocier visuellement l'information pure des moments de convivialité. Après, oui, ce qui est marrant c'est que toutes les chaînes l'ont fait en même temps...

C.D : L'année prochaine, on le fera sur la tête ! (rires)

Vous gardez un oeil sur ce que font les autres chaînes d'information ? Je pense notamment à la matinale de LCI, animée par François-Xavier Ménage, un de vos anciens collègues...
P.T.P : On garde un oeil, oui, mais vous savez, on fait treize fois l'audience de LCI... Mais on l'adore François-Xavier ! Sa matinale est un produit très différent de ce que nous faisons mais on lui souhaite évidemment une bonne route.

C.D : Oui, on s'envoie des SMS parfois avec François-Xavier ! Pour tout vous dire, on regarde plus LCI que CNews...

"On fait plus de la moitié de l'audience de 'Télématin'"

Pendant longtemps, vous avez poursuivi l'objectif de dépasser "Télématin" sur les moins de cinquante ans. C'est désormais le cas. Votre prochain objectif, c'est de devenir leader des matinales auprès de l'ensemble du public ?
C.D : Oui ! On va sérieusement s'attaquer à ça. Après, ils ont une grande force : ils n'ont pas autant de publicités que nous. Donc il va falloir être ingénieux dans nos contenus.

P.T.P: Ça va prendre du temps mais c'est notre challenge !

Vous êtes quasiment à la moitié du chemin...
P.T.P : Ah non, on fait plus de la moitié ! En moyenne, ils sont à moins de 1 million et nous sommes désormais à plus de 550.000 en moyenne.

D'ailleurs, vous semblez les gêner puisqu'ils lancent une pré-matinale avec Laurent Bignolas pour vous contrer...
P.T.P : Ce n'est même pas une vraie pré-matinale. Ils doublent juste le signal de FranceInfo* ! Je ne suis pas sûre que ce soit autorisé par le CSA... Mais on embrasse Laurent Bignolas !

Vous entretenez une convivialité très singulière à l'antenne, qui passe notamment par le tutoiement. Ça s'est fait naturellement ?
P.T.P : Quand on fait 2h30 d'antenne tous les jours, on ne peut pas tricher. Déjà, on travaille sans prompteur, on ne subit pas nos textes. Donc oui, le ton est venu comme ça. Les téléspectateurs savent bien qu'on ne se vouvoie pas dans la vie. D'ailleurs, qui vouvoie ses collègues de travail ?!

"Signer pour sept saisons de plus ? Oui !"

Si Hervé Béroud, directeur général de BFMTV, vous propose de repartir pour sept saisons, vous signez ?
P.T.P : Je crois que oui. Il y a pas beaucoup de chaînes qui vous laissent une liberté totale. On n'a jamais un coup de fil de la direction et la liberté, franchement, ça n'a pas de prix ! Alors, à dans sept ans ! (rires)

* "Le 6H Info", la pré-matinale de Laurent Bignolas sur France 2, ne sera pas diffusé en simultané sur FranceInfo.

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