La décision est tombée. Hier soir, le Conseil supérieur de l'audiovisuel a adressé une mise en demeure à France Télévisions pour le clash entre Christine Angot, Yann Moix et Sandrine Rousseau dans "On n'est pas couché". La séquence qui évoquait les femmes victimes d'agressions sexuelles avait été diffusée le 30 septembre dernier et avait provoqué une forte répercussion médiatique. La secrétaire d'Etat Marlène Schiappa avait saisi le CSA via une lettre, postée sur Twitter, et l'émission "Vu" de France 2, qui souhaitait rediffuser l'échange tendu, avait été censurée par la direction.
Pour rappel, l'accrochage avait été révélé quelques jours plus tôt dans la presse. La chroniqueuse aurait "quitté le plateau", "balançant rageusement au passage ses feuilles et son verre" avant de se réfugier dans sa loge "hurlant et pleurant". Désireux de préserver l'image de la polémiste et par "élégance", France 2 et la société de production Tout sur l'Ecran avaient indiqué que la séquence lors de laquelle Christine Angot quitte le plateau ne serait pas diffusée. La chaîne et la société de production avaient en revanche assuré que le reste de l'interview serait conservé.
Après visionnage, le CSA a estimé que "les chroniqueurs ont longuement, de manière virulente et systématique, sans prendre en compte la vulnérabilité manifeste (de Sandrine Rousseau), mis en doute l'utilité même de sa démarche sans respect pour sa parole, ni pour son engagement". Les gendarmes de l'audiovisuel ont également pointé du doigt l'animateur, Laurent Ruquier, pour ses interventions "caractérisées à plusieurs reprises par une attitude de complaisance à l'égard du parti-pris choisi par les chroniqueurs."
De plus, le Conseil présidé par Olivier Schrameck a relevé que le groupe du service public avait choisi "délibérément de ne pas diffuser une séquence au cours de laquelle la chroniqueuse de l'émission a quitté le plateau". "En revanche, la société a conservé les séquences durant lesquelles l'invitée n'a pu masquer son émotion face à cette attitude et aux propos tenus par les deux chroniqueurs. Ce choix de montage trompeur a été de nature à nuire à la bonne compréhension du téléspectateur quant au déroulement du débat", a précisé le CSA, adressant une mise en demeure à France Télévisions et rappelant au groupe son "devoir d'exemplarité dans le traitement des questions" autour des violences faites aux femmes.