La fusion annoncée entre TF1 et M6 et le rapprochement éditorial des antennes de CNews et Europe 1 seront deux des dossiers au coeur des discussions de la commission d'enquête sur la concentration des médias. Réclamée début novembre par le groupe socialiste, écologiste et républicain, celle-ci a été validée par le président du Sénat, Gérard Larcher vendredi dernier.
La chambre haute débutera mercredi prochain et jusqu'en février 2022, par conséquent en pleine campagne présidentielle selon le calendrier annoncé par "Paris Match", l'audition des grands patrons de presse et dirigeants de rédactions de journaux, radio et télévision. Au vu des pouvoirs conférés à une commission d'enquête, aucun d'entre eux ne pourra s'y soustraire. "L'obligation de répondre à leurs convocations" est, en effet, un des pouvoirs spécifiques conférés aux commissions d'enquête, rappelle le site vie-publique.fr. Le non-respect de ces obligations peut donner lieu à des poursuites pénales".
Pilotée par Laurent Lafon, sénateur UDI du Val-de-Marne et président de la commission de la culture et de l'éducation du Sénat, et David Assouline - le sénateur PS de Paris a été désigné rapporteur - la commission s'emploiera à "mettre en lumière les processus ayant permis ou pouvant aboutir à une concentration dans les médias en France, et d'évaluer l'impact de cette concentration sur la démocratie".
Dans une lettre publiée en début de mois pour justifier la création de cette commission d'enquête, les sénateurs s'inquiétaient du mouvement de concentration en cours sur le marché des médias français. "La presse d'information politique et générale se trouve désormais regroupée dans les mains d'un petit nombre d'hommes et de sociétés dont souvent l'activité principale est très éloignée du monde de l'information et de ses principes : 'Libération', 'L'Express' et le groupe BFM/RMC pour le groupe Drahi ; 'Le Monde' pour Xavier Niel qui possède l'essentiel des titres de presse quotidienne régionale du sud-est du pays..., énuméraient les sénateurs.
"Cette liste non exhaustive, poursuivaient-ils, démontre la situation préoccupante de la presse, livrée à des intérêts économiques qui peuvent s'éloigner des enjeux de pluralisme et de déontologie des médias. L'accélération de l'ensemble des regroupements opérés depuis deux décennies mérite d'être éclaircie quant aux conditions qui ont permis d'y procéder et de leurs effets sur nos territoires."
Cette initiative du Sénat n'est pas la première en la matière. Début novembre, Bercy et le ministère de la Culture ont discrètement commandé un rapport à leurs services pour revoir le dispositif appliqué lors des rachats dans les médias, révélait "Capital", tout en expliquant que ses conclusions ne s'appliqueraient pas au projet de fusion entre TF1 et M6...
Le mouvement de concentration est observé d'un oeil méfiant par la presse indépendante. "Inquiets de cette mainmise des fortunés sur les grands groupes médiatiques", 45 journaux indépendants, parmi lesquels "Basta !", "Alternatives économiques", "6 mois", "Mediapart" ou encore "Les Jours", se sont unis pour signer, le 27 octobre 2021, un appel au soutien de la presse libre et indépendante. Celle-ci, écrivent-ils, "est menacée par une concentration sans précédent des grands médias aux mains d'une petite dizaine de grandes fortunes qui recherchent ainsi protection et influence et, trop souvent, imposent leur agenda idéologique".