A la Une de l'actualité ces derniers mois suite aux ennuis de santé de son père, Johnny Hallyday, David Hallyday est désormais de retour sur la scène musicale. Le chanteur dévoile aujourd'hui [musique:360150 "Un Nouveau Monde"], nouvel album réussi où l'artiste démontre une nouvelle fois ses talents de mélodiste. Pour Ozap, il revient sur la préparation de ce disque, le buzz provoqué par son duo avec Laura Smet ou encore la crise du disque.
Ozap : Quel était l'objectif fixé avec ce nouvel album, aviez-vous un cahier des charges ?
David Hallyday : Non, il n'y avait pas de cahier des charges mais, pour une fois, je voulais passer du temps avec mes chansons. Je ne voulais pas les mettre tout de suite sur le CD. J'écris beaucoup et j'ai tendance à m'exciter un peu dès que j'écris un truc qui me plait beaucoup. Je me dis : "C'est bon, je l'arrange et je la sélectionne". Et finalement, deux mois après, tu réécoutes et tu te demandes ce qui a pu te passer par la tête pour écrire quelque chose comme ça. C'est comme ça qu'on finit avec deux ou trois titres sur un album que tu aimes moyennement parce que tu as été un peu vite. Là, j'ai passé du temps. J'écrivais 4-5 titres, j'attendais quinze jours pour voir si je les aimais autant. Je voulais vraiment que ce soit un album où il n'y ait pas une chanson que je n'aimais pas ou moins que les autres.
C'est le reproche que vous faites à vos précédents albums ?
Oui, il y avait toujours une ou deux chansons où je me disais que j'aurais dû les remplacer par une autre. Je ne voulais pas que ce soit le cas sur ce disque.
Comment se fait le choix des auteurs ?
Il y a ceux avec lesquels je travaille déjà comme Eric Chemouny avec qui j'avais écrit [musique:48442 "Sang pour Sang"]. Dans les nouveaux venus, il y a Grand Corps Malade, Pierre-Dominique Burgaud, Elizabeth Gatine... Ils ont su vraiment comprendre mon univers. Ce que je leur demande de faire est quand même très compliqué. Je leur demandais d'écrire des choses assez sombres mais en restant lumineux et solaire. Je voulais qu'il y ait plein de paradoxes.
Comment ça se passe justement... Vous discutez avec eux pendant longtemps, c'est une relation intime qui se tisse pour qu'ils captent ce que vous avez envie de dire ?
Oui et non, il n'y a pas de règles. Quand on est ensemble, on écoute la musique et je dis ce dont je veux parler et on voit s'il le ressent aussi. Ce qui est difficile pour un auteur, c'est de se dégager de l'image qu'il a de l'artiste pour ne travailler que pour la musique. Je leur ai dit de ne pas travailler pour moi mais d'écrire pour la chanson que je leur donne.
C'est quand même un disque qui tourne beaucoup autour de l'amour.
Oui, assez violent parfois.
Vous n'avez pas envie d'évoquer d'autres thèmes ?
Non parce qu'on peut parler d'amour de façon très différente. Et il y a quand même des questions très générationnelles qui me turlupinent. Je suis quelqu'un qui se pose des questions sur tout, l'époque dans laquelle on vit. Je regarde comment les gens plus jeunes réagissent, ce à quoi ils pensent. Je voulais que tout ça fasse partie des thèmes de l'album. Est-on dans un monde où on a envie de sourire tout le temps devant la caméra ? Le monde va-t-il si bien que ça ? Je ne trouve pas. Ça ne veut pas dire qu'il faut faire la gueule mais je trouve qu'on n'a pas tout le temps envie de parler de l'idéal. L'idéal, c'est un beau concept, ça nous aide à avancer, mais ce n'est pas nécessairement la réalité. Je n'aime pas les histoires qui se finissent mal mais je voulais qu'il y ait les deux : le côté sombre et le côté solaire.
Il y a des titres plus légers, qui jouent la carte de l'humour, comme "New York City". Elle fait partie des chansons qui sont des tubes potentiels quand on découvre l'album. Faites-vous partie de ces artistes qui assument la recherche du tube. Est-ce que, quand vous enregistrez, il vous arrive de vous dire que vous sentez tenir un tube ?
J'aime les mélodies et mon univers musical n'a été composé que d'artistes qui faisaient des choses très mélodiques. Je pense que j'ai un sens de la mélodie et du gimmick. D'abord, j'écris pour me faire plaisir et que ça me plaise à moi, égoïstement (rires). Je ne recherche donc pas nécessairement mais quand je mets le doigt sur quelque chose qui "sonne bien"... Après, la notion de tube vient du public, c'est quand tu fais quelque chose que les gens se sont appropriés.
Analysez-vous le déclic qui fait qu'on décroche un tube. Après coup, analysez-vous le succès de "Tu ne m'as pas laissé le temps" ? Si on prend les albums parus ensuite, il y avait aussi des chansons aux mélodies très efficaces.
Oui, oui, même depuis 1988. Après, le public a envie d'écouter un certain style de musique à un moment. Ils sont branchés sur des styles différents et si tu ne tombes pas dans ce qu'ils ont envie d'entendre, tu as beau avoir une jolie chanson, ça fonctionne moins bien. C'est aussi simple que ça. Et, une fois que tu fais quelque chose qui a bien marché, tu surfes ensuite un peu sur la vague. Tu as du buzz, de la réussite et les gens sont plus enclins à écouter ce que tu fais après alors que personne n'a envie d'écouter après un truc qui se plante.
Là, ça a visiblement marché avec [musique:354430 "On se fait peur"].
Visiblement ! Et je suis ravi que ça marche, je fais partie des gens qui sont contents que ça marche (rires).
Le titre était d'abord prévu pour une actrice, Anne-Solenne Hatte. Comment a-t-elle réagi car vous avez finalement décidé de la chanter avec Laura Smet ? Le titre était enregistré ?
Le titre était fini mais elle a très bien réagi. C'est quelqu'un d'intelligent et elle a très bien compris pourquoi je l'ai fait avec Laura donc ça n'a pas été un problème.
Avez-vous mal vécu le fait qu'on vous accuse de profiter des déboires de votre sœur ?
Ah bon, quel drôle de concept ! Je n'ai pas du tout entendu ça.
C'était pourtant le bruit ambiant, notamment si on regarde les commentaires des internautes.
On ne peut pas trop se fier au Net où des gens y viennent automatiquement pour casser et se cachent derrière des pseudos. Ils sont très courageux, ça me fait rire !
Comment avez-vous vécu ces reproches ?
Tu sais, moi, je n'ai jamais rien forcé sur Laura. D'abord, c'est elle qui m'a demandé de faire ce duo. Ce n'est pas moi qui ait couru après ça, c'était quelque chose qui l'a aidée à surmonter une période très difficile pour elle avec notre père et tout ça... Pour répondre à ta question, je m'en fous complètement si deux blaireaux pensent que j'ai profité de cela, ça m'est égal. On a fait quelque chose de positif dans un univers médiatique très négatif. C'était bienveillant et je suis heureux qu'elle aille super bien aujourd'hui, entre autres grâce à ça.
On a pu lire que vous réfléchissiez désormais à faire un album complet pour Laura.
Quand on a fait les NRJ Music Awards, on est sortis de scène et elle m'a dit "Mais c'est génial ce métier, j'adore ! On a un contact tout de suite alors qu'au cinéma, on fait une scène et on attend quatre heures !". De son point de vue et comme elle n'a pas fait de théâtre, c'était nouveau d'avoir une réaction immédiate du public. Elle m'a dit qu'elle voulait continuer. Je lui ai répondu que personne ne l'en empêchait : Charlotte Gainsbourg, Emmanuelle Seigner, Vanessa Paradis font bien des albums. Je lui ai donc dit "Vas-y !". Aujourd'hui, on n'est plus dans des boites. Regarde comment font les Américains : ils chantent, dansent, produisent leurs émissions, films... On est un peu à la traîne quand même. Faire des métiers parallèles, c'est une question de survie aujourd'hui.
Durant cette promo, on vous a aussi beaucoup parlé de votre père...
Oui, je vais me reconvertir et devenir médecin. J'en connais un rayon maintenant donc je peux devenir chirurgien (rires) !
On vous a notamment vu parler de lui dans une double-page du Parisien/Aujourd'hui en France mais selon L'Express, vous comptez poursuivre le journal après cet article.
Non, je n'attaque pas Le Parisien. J'ai répondu à un journaliste, complètement en dehors de l'album et ils ont ensuite fait un copier-coller avec Monsieur Saint-Cricq que je n'ai jamais rencontré de ma vie. On pouvait croire que je lui avais accordé une interview au sujet de nos déboires avec France Télévisions. Je n'aime pas qu'on prenne mes propos et qu'on les transpose dans une autre interview, surtout avec quelqu'un que je n'ai jamais vu. Ça ne se fait pas.
Justement, où en êtes-vous de vos projets en tant que producteur télé ?
On a une société de production basée à Paris. On fait des productions, co-productions pour le cinéma, la télé. On fait des programmes courts, beaucoup de documentaires. On cherche aussi à devenir diffuseur dans l'avenir. On travaille beaucoup aux Etats-Unis donc on est une boite française mais très américaine dans la façon de faire les choses. On y est très bien implantés et on ouvre un bureau là-bas. Ça commence à bien tourner.
Mais moins avec France Télévisions...
Non. On aime bien France Télévisions mais il y a juste des manières de faire les choses. On n'en veut à personne mais on n'aime pas être injustement attaqués. On a été un peu maltraités et on sait se défendre. Il y a toujours de l'avenir pour de nouveaux programmes. On se bat tous pour que France Télévisions arrive à se diversifier un petit peu et à tenter de nouveaux programmes et faire évoluer ce système où il y a quand même quelques failles. Donc, si on peut en faire partie, on sera contents. On n'a rien du tout contre personne.
La crise du disque vous met-elle une pression supplémentaire pour que cet album marche ?
Ce qui est plus stressant aujourd'hui, ce sont les sorties. Si tu rates ta sortie, ton disque est mort en quinze jours. Mais on est encore dans des paradoxes car on n'a jamais écouté autant de musique qu'en ce moment.
Pour terminer, il y avait les Victoires de la Musique il y a quelques jours. Qu'est-ce qui vous ferait le plus plaisir avec cet album : un disque d'or ou une Victoire de la musique ? Vous cherchez cette reconnaissance du métier ?
Je ne vais pas te mentir, ça fait toujours plaisir. Maintenant, j'ai du mal avec les Victoires de la Musique en voyant certains groupes gagner sur je ne sais quels critères. Pour être franc, j'ai du mal à comprendre qui gagne et pourquoi ça gagne. Sur quoi sont basés ces récompenses : les ventes, le choix du public, on ne sait pas trop en fait. Maintenant, c'est toujours sympa d'être reconnu pour son travail mais je ne vais pas moins bien dormir si ça n'arrive pas.
Musique
David Hallyday : "J'écris d'abord pour me faire plaisir"
Publié le 15 mars 2010 à 13:09
Entretien avec le chanteur à l'occasion de la sortie de son nouvel album.
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