Ils étaient 250 auditeurs de France Inter rassemblés samedi après-midi devant la Maison de la Radio à Paris pour marquer leur soutien à l'émission "Là-bas si j'y suis". La nouvelle patronne de la station publique, Laurence Bloch, a en effet officialisé fin juin la suppression à la rentrée de ce programme animé par Daniel Mermet depuis 25 ans. En cause, des audiences insuffisantes. "En vingt-cinq ans, 'Là-bas si j'y suis' nous fait vivre des moments forts, mais l'émission a perdu 100.000 auditeurs en deux ans donc on va l'arrêter" avait expliqué Laurence Bloch à puremedias.com.
Mais Daniel Mermet ne semble pas l'entendre de cette oreille. Dans une interview au Monde le 26 juin, l'animateur de 71 ans ne s'était ainsi pas gêné pour exprimer son amertume : "Les raisons avancées pour cette suppression sont fallacieuses" avait-il ainsi déclaré, récusant toute idée de baisse de l'audience de son émission. "Je crois surtout que c'est une décision politique" avait-il même dénoncé, se disant "consterné".
Hier, Daniel Mermet a recueilli le soutien de certains de ses auditeurs les plus fidèles. "On est tous venus pour sauver cette émission mais on pensait qu'une délégation allait être reçue par la direction, ce qui n'est pas le cas", a déclaré à l'AFP, Philippe Verdebout, un auditeur de 57 ans venu spécialement de Lille."C'est un objet radiophonique qui détonne dans l'univers médiatique et représente l'idée même du pluralisme en offrant un véritable espace démocratique d'expression. Elle faisait hommage au service public", a pour sa part affirmé Alain Peuplier, 29 ans et membre du Parti de gauche. "Son éviction est une décision politique qui prouve la docilité des dirigeants de cette radio", a-t-il ajouté. Certains des auditeurs présents hier devant la Maison de la Radio ont même annoncé leur intention de boycotter France Inter.
Rappelons que "Là-bas si j'y suis" est une émission qui se caractérise par des reportages sur des sujets rarement abordés dans l'audiovisuel. Daniel Mermet a, par exemple, longuement donné la parole aux ouvriers de Florange pour qu'ils racontent comment ils vivaient la fermeture des hauts fourneaux. Cette émission volontairement militante plaît ainsi beaucoup aux électeurs d'extrême gauche. Daniel Mermet a d'ailleurs reçu récemment le soutien de Jean-Luc Mélenchon qui a qualifié sur son blog la suppression de "Là-bas si j'y suis" de "un rude coup porté au pluralisme sur le service public audiovisuel".