La presse, victime de Gilets jaunes en colère. Dans un communiqué publié sur son site internet, le groupe Sipa Ouest-France annonce que l'une de ses imprimeries, située au sud de Nantes en Loire-Atlantique a été bloquée la nuit dernière par un groupe d'une vingtaine de personnes se réclamant des Gilets jaunes. Ces derniers auraient mené cette action pour protester contre la couverture du mouvement par les titres appartenant au groupe Ouest-France, déplorant que certains Gilets jaunes aient été taxés d'antisémitisme suite à des dérapages survenus lors de "l'acte VI" du mouvement à Paris samedi dernier.
Selon le groupe de presse, "aucune discussion" n'est parvenue à débloquer la situation, malgré la mobilisation de la gendarmerie. En conséquence, ce sont "plus de 180.000 exemplaires" de "Ouest-France", de "Presse Océan" et du "Courrier de l'Ouest" qui n'ont pas pu être diffusés. La direction du groupe déplore l'incident, en raison duquel les journaux concernés sont exceptionnellement accessibles gratuitement en format numérique, et "condamne avec force (une) action inédite qui porte gravement atteinte à la liberté de la presse et à la démocratie". La direction du groupe fait par ailleurs savoir qu'elle a mandaté son avocat pour un dépôt de plainte.
"On condamne avec force ce délit vis-à-vis de la liberté de la presse et d'empêcher de raconter aux gens ce qu'il se passe près de chez eux", a annoncé à l'AFP Philippe Boissonnat, adjoint au rédacteur en chef de Ouest-France et directeur des rédactions. Pour ce dernier, cette action de blocage est d'autant plus incompréhensible que "dans les éditions de Loire-Atlantique, il y avait un papier qui donnait la parole aux Gilets jaunes, qui présentait quelques-uns (des manifestants) heureux de la solidarité que cela pouvait créer entre eux". C'est la première fois depuis le début du mouvement que la diffusion d'un titre de presse est empêché.